PLANTES, Plantes pour le jardin

LE BUGLE RAMPANT

Le Bugle rampant

Dans le groupe très sélect des vivaces couvres sol, en voici une qui est particulièrement intéressante, la Bugle. Très facile à vivre, elle ne demande que peu de soins et dispose d’une belle durée de vie. Elle sait s’adapter à bien des situations, faisant d’elle une petite vivace idéale pour les jardiniers les plus débutants.

1. DESCRIPTION

Originaire des régions tempérées d’Europe et d’Asie, elle affectionne particulièrement les milieux ombragés en lisière de forêt ou sous des grands arbres. Plus souvent connue sous son nom scientifique d’Ajuga, elle appartient à la famille des Lamiacées tout comme les Lamium, une autre petite vivace d’ombre.

1.1. Caractéristiques

L’Ajuga, comme toutes les plantes vivaces, est capable de vivre plusieurs années. Elle se développe au fur et à mesure de sa croissance en s’étalant au sol. Elle le recouvre parfois rapidement, si les conditions lui plaisent, à l’aide de stolons, un peu à la manière du fraisier. Ce sont des tiges horizontales recouvertes de feuilles qui se forment sur les touffes principales. Des racines sont rapidement émises sous les feuilles lorsqu’un nœud est présent. Une nouvelle rosette apparaît alors et forme un nouveau pied à part entière bien que toujours raccordé à la plante principale.

Au fil des mois et des années, c’est un véritable tapis composé de multitudes de plantes unies entre elles. Chacune est pour autant indépendante et capable de vivre seule si elle s’en trouvait détachée les unes des autres. La plante peut même devenir envahissante, mais sans pour autant devenir incontrôlable. Sa taille de 5 cm de hauteur fait qu’elle restera toujours au ras du sol.

Le feuillage est arrondi et très vulgairement dentelé sur ses pourtours. Persistant l’hiver, le tapis prend des teintes moins franches, mais permet tout de même une couverture végétale tout aussi importante qu’en saison estivale. Les couleurs sont variées, du vert classique au pourpre presque noir en passant par des nuances de vert, rose panaché de blanc ou de jaune.

La floraison se produit en mai/juin par l’intermédiaire de hampes florales érigées au-dessus de la touffe. Ces hampes  sont étagées avec à chaque étage, deux bractées similaires à des feuilles et un bouquet floral de part et d’autre de la tige. La floraison majoritairement bleue peut parfois être rose ou blanche selon les cultivars.

1.2. Les différentes variétés

L’espèce reptans est la plus représentée chez les Ajuga. Elle se décline dans bon nombre de cultivars issus de croisements. Le but de ceci est d’obtenir des couleurs de feuillage toujours plus intenses et variées. Un parterre composé d’un mélange de ces cultivars peut vite donner un rendu haut en couleur. Parmi les plus beaux cultivars, vous trouverez :

Ajuga reptans ‘burgundy glow’

Cultivar aux feuilles vertes grises en leur centre, marginées d’un pourtour blanc. Les feuilles du centre sont complètement roses avant d’avoir la teinte liserée définitive. Une évolution de couleur au fil des mois particulièrement intéressante. Cultivar moyennement vigoureux à floraison bleue.

Ajuga reptans ‘chocolate chip’

Une variante de l’espèce type de par la forme de ses feuilles, peu ciselées, fines et allongées. Pourpre moyen, plus ou moins soutenu selon l’exposition. Ce cultivar émet peu de stolons, il a tendance à pousser en touffe avec un côté tapissant moins prononcé que les autres. Floraison bleue.

Ajuga reptans ‘elmblut’

Sans doute le plus vendu, car le plus simple et le plus vigoureux. Il s’étale avec force sans se préoccuper de la concurrence des autres plantes vivaces ou arbustives. Ses feuilles sont bien arrondies, charnues et d’un pourpre sombre presque noir, lorsque la plante est au soleil. Une floraison bleu profond qui contrastera à merveille avec le feuillage.

Ajuga reptans ‘golden glow’

Cultivar beaucoup moins courant, mais qui mériterait d’être plus démocratisé pour son feuillage vert et jaune très lumineux.

Ajuga reptans ‘purple torch’

Une dernière sélection assez classique, car garnie de feuilles vertes, mais à la particularité d’avoir une floraison rose bonbon très généreuse. Son développement est moyen, elle restera relativement isolée.

2. LA PLANTATION

2.1. Où ?

Ajuga est une plante qui préfère l’ombre en temps normal, même une ombre dense ne lui fait pas peur. Elle peut pousser aux pieds des arbres ou des haies en faisant office de paillage naturel pour ces plantes. La concurrence racinaire n’est pas un problème, tout comme la sécheresse lorsqu’elle est à l’ombre. Rare sont les plantes à tolérer l’ombre sèche, faisant d’elle une valeur sûre une fois implantée.

En zone plus ensoleillée, préférez alors un sol plus frais, car il ne s’agit pas non plus d’une plante de climat aride, une ombre sèche est tout autre chose qu’une sécheresse ensoleillée. C’est justement avec plus de soleil que les couleurs du feuillage seront les plus vives.

En matière de sol, l’Ajuga a une nette préférence pour les terres riches en humus et pas trop drainante. L’humidité hivernale en sol lourd ne lui pose pas de problème à partir du moment où le sol n’est pas gorgé d’eau. Évitez les points bas ou cuvettes qui pourraient être potentiellement immergées après de grosses pluies hivernales.

2.2. Quand ?

De début octobre à fin avril, hors périodes de gelées. C’est dans cette fourchette de l’année que la plantation des Ajuga est possible. Vous les retrouverez en rayon parmi les plantes vivaces en godets. Le choix variétal sera le plus grand et les beaux jours revenant, l’enracinement sera alors plus rapide.

Vous les trouverez rarement plus développés qu’en godets. Ça n’aurait de toute façon pas d’utilité, car la croissance est rapide.

2.3. Comment ?

Une fois la ou les variétés sélectionnées, vous n’aurez plus qu’à les planter. Comme il s’agit de plantes couvre-sol, plantez-les en masses de plusieurs pour leur consacrer une zone bien définie et d’au moins un m². Espacez les plantes de 25 cm les unes des autres avec une densité idéale de 5 à 9 plants au m². La densité de plantation dépend de la rapidité à laquelle vous voulez que le sol soit recouvert.

– Binez la zone que vous souhaitez planter et désherbez-la si nécessaire.

– Amendez de terreau et de fertilisant organique à la volée sur toute la zone puis binez à nouveau.

– Plantez vos godets, puis arrosez abondamment.

– Terminez pas l’étalage d’un paillis organique fin de type paillette de lin, chanvre ou miscanthus entre les plants. Un seul apport devrait suffire, les plantes viendront alors se réunir pour former un tapis dense, compact et persistant.

3. L’ENTRETIEN

3.1. L’arrosage

 Bien que l’Ajuga tolère l’ombre sèche, c’est bien entendu une fois enraciné ! Selon les conditions météo, il peut être judicieux de suivre l’arrosage les semaines qui suivent la plantation. La réserve de substrat et de fraîcheur est limitée dans un godet, il faut donc accompagner la plante durant sa phase d’enracinement.

3.2. La fertilisation

Apporter une fois par an un fertilisant organique complet dans vos massifs est une chose que peu de jardinier ne font. Pourtant, cet apport permet de renforcer la flore de votre jardin, de les rendre plus résistantes aux éventuelles maladies tout en améliorant la structure de votre sol année après année.

Grâce à cette fertilisation globale, les plus basses vont être les premières à pouvoir en bénéficier.

3.3. La taille

Aucune taille n’est nécessaire sur ces plantes, son feuillage bien que persistant, se renouvelle en permanence. Ce sont de nouvelles feuilles chaque printemps qui viennent recouvrir celles de l’année passée. Les hampes florales  une fois défleuries sèches également sur la plante, puis finissent par se dégrader. Les plus assidus viendront les couper pour les évacuer dès qu’elles seront  fanées.

3.4. Les maladies et ravageurs

L’Ajuga est une plante sensible à l’Oïdium, d’autant plus visible sur les feuillages pourpres. Il s’agit d’une maladie cryptogamique provoquée par un champignon. On le reconnaît à la pruine blanche cotonneuse qui se dépose sur les feuilles de la plante attaquée. Surtout inesthétique, il est rare que ce champignon tue une colonie entière. En cas de forte affectation, un traitement à base de soufre micronisé s’avère efficace.

Au-delà de cela, vous ne rencontrerez que peu d’autres contraintes sur cette plante. Un effet de l’excès d’humidité peut aussi conduire à quelques pourrissement au sein de la colonie, bien que ceci ne soit pas lié à une quelconque maladie ou ravageur.

4. LES BONNES ASSOCIATIONS

En talus

Le fait que les Ajuga s’utilisent en couverture, il est important de les planter en groupe d’un ou plusieurs m² selon le rendu souhaité. Ils peuvent bien évidemment s’associer à d’autres plantes vivaces couvre-sol ayant les mêmes exigences de sol et d’exposition. C’est notamment le cas des Pachysandra, Carex ‘ice dance’, Lamium ou autres Vinca. En talus, ces plantes n’auront pas à subir de concurrence racinaire à part s’il est planté d’arbres. Le principal est que ça ne soit pas un talus plein soleil, mais avec une ombre portée de grands arbres plus loin ou d’une architecture quelle qu’elle soit.

En tapis de massif ou de haie

C’est la solution la plus utilisée, surtout en premier plan de massif ou directement sous les arbustes. Ils font alors leur petit bonhomme de chemin comme ils l’entendent au fil des années. Là encore, les espèces pouvant l’accompagner en couvre-sol demeurent les mêmes.

En jardin de pots à l’ombre

Certains affectionnent les zones ou peu de terre est disponible, les jardins de pots avec un lit de gravier au-dessus du sol. Dans ces pots, pourront être plantés toutes sortes de plantes en commençant par de petits arbres comme les Erables du Japon ou Cerisiers du Japon nain. Des arbustes comme les Pieris, Hydrangea, Leucothoe ou Fatsia. Des vivaces comme les Hostas, Graminées d’ombres, Cyclamen, Heuchères.

Les Ajuga trouveront leur place au sein des pots d’arbres et arbustes, mais aussi plantés dans le gravier aux pieds des pots. Même dans une terre mauvaise, dure et peu profonde, ils arriveront à faire leur vie, certes avec moins de vigueur, mais toujours en ayant le mérite d’être là dans cette scène champêtre tout à fait originale.