PLANTES, Plantes pour le jardin

LES LEUCOTHOE

Leucothoe

Petits arbustes méconnus, mais pourtant très séduisants, les Leucothoe apportent une note de couleur sans entretien. En pot ou en pleine terre, ils sauront s’épanouir au milieu des plantes de terre acide. Persistants et décoratifs, voici donc un genre haut en couleur qui réchauffera les froides journées d’hiver au jardin.

1. DESCRIPTION

Originaire du sud-est des États-Unis, les Leucothoe s’y rencontrent dans les forêts humides. Ils appartiennent à la famille des Ericacées, tout comme les célèbres Bruyères, plantes acidophiles par excellence ayant donné leur nom à la famille de plantes aux exigences similaires. Le Leucothoe n’a pas vraiment de nom vernaculaire, bien que vous pourrez parfois le trouver sous l’appellation « fleurs de perles ».

1.1. Caractéristiques

Leucothoe est un genre d’arbuste de petite taille, au port compact et au feuillage persistant.  On les reconnaît principalement à leur feuillage positionné de façon alterne sur des tiges souples partant de la base de la touffe. Ces feuilles ont une forme plus ou moins allongée selon les espèces, mais ont des points communs spécifiques à ce genre. Elles sont charnues et leur couleur évolue au fil des saisons.

Au printemps, les nouvelles pousses arborent des teintes rougeâtres, orangées ou cuivrées avant de passer au vert, tantôt unies, tantôt panachées. Une fois les premières fraîcheurs automnales venues, toutes les feuilles du pourtour se teintent de nuances de rouge, plus ou moins sombre selon les cultivars. Cette évolution de couleurs de feuilles est assez rare, un atout non négligeable pour ce genre qui sait montrer des couleurs flamboyantes l’hiver. Cela le met sur un piédestal dès lors qu’il est utilisé au jardin dans les bonnes conditions.

La floraison se produit d’avril à mai de façon assez discrète. Les petites fleurs blanches en forme de clochettes se réunissent en grappes pendantes. Tantôt sous les branches et feuilles, tantôt aux extrémités des rameaux. Chaque fleur mesure moins d’un centimètre de grosseur alors que les grappes peuvent atteindre les 15 cm de longueur. Elles dégagent un léger parfum lorsqu’on y penche le nez. La floraison est très proche des Pieris, appartenant eux-aussi à la famille des Ericacées.

La croissance des Leucothoe est lente, la touffe va mettre plusieurs années avant de s’étoffer. Ceci est contrebalancé par une très bonne longévité.

1.2. Les différentes variétés

Il existe 50 espèces de Leucothoe recensées, mais seulement quelques-unes multipliées à des fins ornementales. Parmi les plus belles, voici celles que vous pourrez retrouver en pépinière :

Leucothoe axillaris ‘curly red’

Une des variétés les plus curieuses du genre qui se distingue à la particularité de son feuillage. Chacune des feuilles est frisée et s’enroule sur elle-même comme recroquevillée. Majoritairement vertes en belle saison, elles se teintent d’un joli rouge foncé en automne. La touffe est compacte et restera d’une taille modeste de 50 cm de hauteur pour 80 cm de largeur. Il fleurit sur l’extrémité haute des tiges bien que cette floraison soit assez faible.

Leucothoe fontanesiana ‘rainbow

Sujet d’un mètre en tous sens qui se distingue par ses feuilles relativement grandes, aux jeunes pousses rouges orangées, virant rapidement au vert profond, marbré de rose et blanc puis terminant l’année sous des couleurs rouge intense jusqu’au printemps suivant. Sa floraison est blanche en longues grappes pendantes tout le long des tiges. C’est l’une des espèces les plus florifères.

Leucothoe keiskei ‘halloween’

Une jolie espèce aux dimensions raisonnables de 80 cm de hauteur pour 50 cm de largeur. Son charme vient de son feuillage long et fin, qui lui-aussi change de couleur au fil des saisons. Le nom de ce cultivar vient du fait que ses nouvelles pousses printanières sont orange, puis verdissent avant de devenir rouge bordeaux de l’automne au printemps suivant. Son port est plus léger et aérien que les autres pour des notes graphiques bien différentes. Ce cultivar est peu florifère.

Leucothoe scarletta ‘zeblid’

Voici l’espèce et le cultivar le plus facile à trouver en pépinière. On le reconnaît à ses petites feuilles pointues et sa touffe aussi compacte qu’axillaris. Il atteint une dimension de 1 mètre en tous sens. Ses feuilles sont vertes à légèrement rougeâtre, du printemps à l’automne. Elles virent ensuite au rouge profond dès les premières fraîcheurs. Sa floraison blanche est présente, mais toutefois moins notable que le précédent.

2. LA PLANTATION

2.1. Où ?

En raison de ses origines, le Leucothoe est une plante qui affectionne les endroits ombragés. Un minimum de lumière est tout de même recommandé pour faciliter l’apparition des chaudes couleurs de son feuillage une fois l’automne venu. Évitez en revanche les emplacements trop ventés ou exposés aux courants d’airs d’Est, ces deux choses pourraient nuire à sa durabilité.

Question sol, l’acidité est le facteur clé à leur réussite. La terre de bruyère est donc indispensable à leur culture, qu’elle soit en pot ou en pleine terre. Ne l’utilisez jamais pur, mais en complément de terre végétale. Le calcaire est à proscrire absolument, la plante ne pourra subsister sur le long terme. Le rendu final doit être humifère, frais à humide sans être immergé, même temporairement.

2.2. Quand ?

Leur appétence pour la fraîcheur fait des Leucothoe des plantes à installer à l’automne. Le meilleur taux de reprise est constaté à cette période, car le sol est encore chaud, la pluie plus notable, ce qui occasionnera un enracinement de meilleure qualité. Abstenez-vous en période de gel et au printemps si vous ne pouvez suivre un minimum l’arrosage durant les mois qui suivront.

En pot, il n’y a pas vraiment de saison idéale, une transplantation peut se faire à tout moment, car il est déconseillé de casser les mottes des Leucothoe lors de leur plantation. Son système racinaire de par sa nature fin ne forme pas de chignon. C’est l’entretien ensuite qui va déterminer la bonne reprise.

Vous trouverez ces petits arbustes toute l’année en pépinière au sein des plantes acidophiles. Leur présence sera toutefois plus notable à partir d’octobre lorsque leurs couleurs commencent à s’accentuer.

2.3. Comment ?

Une fois l’emplacement idéal trouvé en fonction de ses besoins, vous n’avez plus qu’à travailler un peu la zone pour accueillir votre Leucothoe.

– Veillez tout d’abord à lui prévoir un emplacement suffisant pour qu’il soit à son aise jusqu’à son développement adulte. Cette plante n’aime pas être étouffée par des plantes trop imposantes. La concurrence racinaire peut être présente, mais évitez qu’elle ne soit envahie au niveau de sa ramure.

– Travaillez ensuite votre sol de manière à l’amender d’un compost bien décomposé et de terre de Bruyère. L’acidification est donc un facteur clé à sa bonne reprise et à sa future croissance.

– Positionnez votre pot sans éclater la motte et en veillant à ce que le niveau final du sol affleure le haut de la motte. Il aura été bassiné avant afin d’être copieusement hydraté. Rebouchez en tassant bien le substrat tout autour.

– Un arrosage final permet de chasser les bulles d’air du sol et de mettre le substrat bien en contact des racines.

– Paillez enfin d’une épaisse couche de paillis acide (écorces, aiguilles ou éclats de Pin ou autres résineux)

En pot, vous pourrez planter vos Leucothoe dans de la terre de Bruyère associée à une terre végétale à raison de 50 % de l’une et 50 % de l’autre. Un drainage de billes d’argile au fond du pot préalablement percé est à prévoir. Le choix du matériau n’a pas vraiment d’importance, ils sauront s’adapter aussi bien dans du plastique que de la résine ou de la terre cuite.

3. L’ENTRETIEN

3.1. L’arrosage

L’arrosage est un des facteurs clés à une bonne reprise, surtout si vous aviez choisi de le planter au printemps. Dans un premier temps, le sol doit être maintenu frais. Procédez à des arrosages espacés, mais abondants et quotidien. Le paillis permet lui aussi d’assurer la fraîcheur du sol, vous pourrez donc intervenir une fois par semaine pour contrôler.

Le premier été est lui aussi clé surtout en cas de conditions sèches. L’expérience et la logique du jardinier seront indispensables pour adapter l’apport aux besoins.

En pot, un suivi régulier tout au long de l’année est à faire. N’utilisez pas de soucoupe, l’eau doit pouvoir d’évacuer librement.

Utilisez de préférence de l’eau de pluie qui ne sera pas calcaire comme peut l’être celle du robinet.

3.2. La fertilisation

Un sol humifère ne veut pas spécialement dire ultra riche, une bonne utilisation du paillis permet à lui seul de maintenir un sol idéal pour le Leucothoe. Si besoin, complétez ce paillage chaque année, au fur et à mesure qu’il se décomposera dans le sol. Cet apport de matière organique naturelle fera rôle de fertilisation lente, inutile d’utiliser d’autres engrais en complément.

En pot, un surfaçage est recommandé chaque année en sortie d’hiver. Le but est de gratter les premiers centimètres du haut de la motte afin d’étaler une nouvelle couche de terre de Bruyère fraîche. Un rempotage sera à prévoir tous les 4 à 5 ans en augmentant un peu le volume du pot.

3.3. La taille

Aucune taille n’est à faire sur les Leucothoe, leur port naturel suffit à ce qu’il soit esthétique, toute autre interventions pourraient nuire à sa beauté. La taille d’éventuels rameaux morts ou cassés peut quant à lui être envisagée bien que très rare.

3.4. Les maladies et ravageurs

Comme mentionné, ce sont des plantes peu exigeantes et sans entretien. Il en va de pair au niveau des attaques de maladies et ravageurs, ils n’y sont pas sensibles, tout risque de problème est à écarter.

4. LES BONNES ASSOCIATIONS

Les Leucothoe apportent une touche neutre, colorée et évolutive en fonction des saisons sans jamais être à nu. Ce sont des plantes qui ne révolutionneront pas une association avec leur floraison discrète, mais qui auront pour but de sublimer une scène avec grâce et en mettant en valeur d’autres plantes.

Ils peuvent alors s’utiliser de plusieurs façons :

Dans les compositions automnales

Pour les jeunes plants, choisir le Leucothoe en accompagnement de plantes de saisons automne/hiver est judicieux. Que ce soit en jardinière ou en potée, son rôle est ici transitoire et éphémère, mais il pourra être ensuite replanté en pot seul ou en pleine terre. Les associations sont nombreuses, avec les plantes fleuries en ces saisons comme les Bruyères d’hiver, les Cyclamen, les Pensées ou autres Primevères. Les autres plantes à feuillages ou baies ne restent pas sur la touche, ils s’associeront avec des Graminées persistantes, des Cinéraires, Gaultheries, Pernettia ou autres Choux d’ornement.

En jardins de pots

Ici, ils seront plantés seuls dans des associations de pots en situations ombragées. Les différentes variétés peuvent donc être mixées entre elles, ou aussi plantées aux côtés d’Erables du Japon, de Pieris, de Camellias, mais aussi d’Hortensias ou d’Azalées. Même si chacune des plantes sera en pot individuel, gardez toujours une trame de plantes adaptée à la situation ombragée qui est proposée.

En massifs

Pour la pleine terre, les associations sont tout aussi nombreuses. Les Leucothoe viendront apporter une strate de premier ou de second plan au sein d’un massif planté d’Hydrangea, de Rhododendron, sous des Magnolia, Hammamelis ou Cornus à fleurs. Accompagnez-le aussi de plantes plus petites, vivaces, comme les Carex, Lysimaques couvre sol, Pachysandres, Tiarelles ou autres Bugles rampants. Osez des associations colorées, les scènes crées seront d’autant plus vivantes et riches de biodiversité, hiver comme été.