PLANTES, Plantes pour le jardin

LES HÊTRES

Arbre emblématique de nos forêts françaises, le Hêtre fait partie intégrante de nos paysages. Il est largement planté car c’est un genre qui propose de multiples avantages. On l’utilise ainsi depuis des décennies que ce soit en arbre de haut jet décoratif, pour son bois ou comme en haie brise vent et sans entretien. Apprenons-en un peu plus sur ce genre si populaire.

1. DESCRIPTION

Originaire de l’Europe centrale, le Hêtre est un arbre typique de l’hémisphère nord qui pousse en forêt et qui est capable de vivre plusieurs siècles. Il recouvre près de 10 % des forêts européennes, c’est dire sa présence bien affirmée. C’est, avec le Chêne, l’arbre le plus populaire en France. Il appartient à la famille des Fagacées dont il est le plus grand représentant.

1.1. Caractéristiques

Le Hêtre est un arbre de haut jet qui, s’il est laissé libre, est capable d’atteindre une hauteur de 20 m pour 15 m d’envergure sans aucun problème. Cette taille varie bien entendu en fonction des cultivars car il en existe de plus petits. De plus, il supporte bien la taille jusqu’à en être bonzaïfiable, c’est pour cela qu’on l’utilise aussi très largement en haies.

Une autre raison à cela vient de la particularité de son feuillage qui est marcescent. C’est à dire que les feuilles restent collées aux branches durant tout l’hiver bien qu’elles sèchent et arborent une couleur brune. C’est seulement lorsque les bourgeons éclatent au printemps que la chute des feuilles de l’année passée s’amorce.

Ces mêmes feuilles sont rondes, vertes, largement veinées et légèrement recouvertes de poils. L’arbre en est fortement garni tout comme sa ramification, lui donnant en plus un aspect occultant souvent recherché en haies.

La floraison se produit au même moment que la formation des feuilles au printemps. Peu remarqués, les petits pompons se font discrets en étant dissimulés parmi les jeunes feuilles qui se déploient. La fructification ne suit que sur les arbres de plus de 60 ans par de petits fruits enfermés dans des coques un peu épineuses appelées faînes.

L’enracinement du Hêtre est solide avec un système racinaire peu profond comparativement à sa taille mais très étendus, ce qui lui offre un ancrage sans pareil. Rare sont les Hêtres qui se trouvent déracinés en cas de tempête. A cela s’ajoute un port souple et un bois robuste qui ne casse pas facilement. Il est d’ailleurs réputé pour son bois, autant apprécié des ébénistes que comme bois de chauffage pour son bon pouvoir calorifique.

Le Hêtre est vraiment un arbre passe partout qui n’a malheureusement qu’un seul véritable ennemi : la sécheresse.

1.2. Les différentes variétés

Il existe 10 espèces de Hêtre avec une forte dominance pour sylvatica et ses nombreux cultivars tous plus originaux les uns que autres.

Fagus sylvatica

Hauteur x Largeur : 20 m x 15 m

Caractéristiques : Espèce type que l’on rencontre à l’état sauvage et qui est le plus planté en haie ou en arbre d’alignement pour toutes les caractéristiques évoquées ci-dessous. Il existe le cultivar ‘pupurea’ aux mêmes caractéristiques mais au feuillage pourpre.

Fagus sylvatica ‘asplenifolia’

Hauteur x Largeur : 20 m x 15 m

Caractéristiques : Une variante assez peu utilisée de l’espèce type. On ne le voit que dans les arboretums bien qu’il soit original en arbre isolé. Méconnu et peu populaire, il est rarement proposé alors qu’il montre un feuillage lacinié pouvant rappeler un peu celui d’un Érable du Japon. Ses caractéristiques sont les mêmes que l’espèce type en dehors des feuilles.

Fagus sylvatica ‘dawyck’

Hauteur x Largeur : 15 m x 2,50 m

Caractéristiques : La forme fastigiée des Hêtres. ‘dawyck’ se remarque donc à ses branches droites et verticales, sa forme étroite et élancée. Il se décline en deux autres variantes que sont ‘dawyck gold’ aux feuilles dorées et ‘dawyck purple’ aux feuilles pourpres. Ces cultivars sont idéaux pour les plus petits jardins ou pour créer une symétrie bien qu’il atteigne tout de même une taille non négligeable.

Fagus sylvatica ‘mercedes’

Hauteur x Largeur : 2 m x 1,50 cm

Caractéristiques : Nouveauté naine au port très compact et à la croissance lente. On peut le cultiver en pot ou en pleine terre, en forme libre comme en bonzaï. Ses feuilles sont proches de ‘aplenifolia’ mais encore plus fines et laciniées. Idéal pour les petits jardins.

Fagus sylvatica ‘purple fountain’

Hauteur x Largeur : 12 m x 4 m

Caractéristiques : De forme pleureur à feuilles pourpres, sombres et brillantes. Malgré un port retombant, une taille principale s’érige vers le haut au fur et à mesure des années tout en retombant. L’arbre montre alors un port irrégulier, asymétrique mais d’une originalité sans pareil en fond de jardin. Il existe également en feuilles vertes.

Fagus sylvatica ‘pendula’

Hauteur x Largeur : 5 m x 5 m

Caractéristiques : Contrairement au précédent, les dimensions de ce cultivar sont plus modestes en hauteur mais nettement plus larges. Lui aussi pleureur, il ne s’érige pas et pousse surtout sur lui-même en s’élargissant au fur et à mesure des années. Vert ou pourpre, les deux nuances existent à nouveau.

Fagus sylvatica ‘purpurea tricolor’

Hauteur x Largeur : 10 m x 8 m

Caractéristiques : Moins érigé que les formes classiques, ses branches sont plus arquées voire presque horizontales d’où une plus petite hauteur à terme. Son originalité vient de son feuillage pourpré marginé de rose. Cette teinte est surtout marquée lorsque les feuilles sont jeunes, les deux nuances se rapprochent durant la saison mais en restant tout de même différenciables.

2. LA PLANTATION

Planter un Hêtre est chose facile puisqu’il peut pousser quasiment dans tous les types de sols même ceux acides ou crayeux. Les deux seules conditions qui doivent être réunies sont que le sol soit drainant mais toujours frais l’été. La sécheresse estivale est le pire ennemis des Hêtres et surtout en période de canicule où l’hygrométrie de l’air est faible et les températures élevées. Les besoins en eau d’un arbre adulte peuvent rapidement atteindre 500 litres par jour.

Depuis quelques années, les étés se suivent et se ressemblent, menant la vie dure même aux plus vieux sujets. En effet, le Hêtre est un arbre qui a du mal à acheminer l’eau jusqu’à la cime de ses branches et c’est pourquoi il apprécie une hygrométrie importante qui limite l’évapotranspiration de son feuillage. Après une sécheresse, il n’est donc pas rare de les voir se dégarnir du haut  car ils préservent toujours leur base où l’acheminement de l’eau se fait en premier.

Du point de vue de l’exposition, toutes conviennent. Notez juste que les feuillages dorés ont une préférence pour des ambiances moins ensoleillées à l’inverse des pourpres qui accentuent la couleur de leurs feuilles avec le soleil.

La meilleur période pour planter un Hêtre est à l’automne. A ce moment de l’année, vous pourrez les trouver aussi bien en pots qu’en racines nues pour les petits sujets ou encore en motte.

2.1. En racines nues

L’espèce type se plante majoritairement de cette façon lorsqu’il s’agit de le planter en haies. Vous les trouverez alors d’une taille comprise entre 40 cm et 2 m de hauteur de novembre à mars.

C’est le meilleur rapport qualité prix et le taux de reprise est tout aussi bon qu’en pot. Pensez simplement à praliner les racines avant de les planter.

Au niveau des quantités, prévoyez 3 plants par mètre linéaire pour une haie finale de moins de 2 mètres et 2 plants au mètre linéaire pour une haie supérieure à 2 m. Si vous souhaitez les laisser prospérer en forme libre sur un talus, choisissez alors une distance de plantation d’au moins 2 mètres entre chaque plant.

La motte se plante aussi durant l’hiver pour des sujets d’une taille supérieure à 2 m.

2.2. En conteneur

La plantation en conteneur est possible toute l’année et c’est surtout comme cela que vous pourrez acquérir les autres cultivars. Privilégiez tout de même une plantation automnale ou hivernale pour améliorer la reprise et l’enracinement avant l’été suivant.

N’oubliez pas un tuteurage si nécessaire ainsi qu’un arrosage copieux puis suivi après la plantation.

3. L’ENTRETIEN

3.1. L’arrosage

Une fois planté, le Hêtre n’est pas compliqué à faire pousser puisque son seul critère est de ne pas manquer d’eau l’été. Vous devez alors être vigilant au moins le premier été qui suit sa plantation. Au-delà d’une certaine taille, il devient difficile d’agir sur l’humidité du sol mais vous pouvez augmenter la capacité de rétention d’eau du sol par un paillage et des amendements.

3.2. La fertilisation

Que ce soit une fertilisation ou un amendement, ils sont facultatifs pour des sujets libres de plusieurs années. Ils trouvent d’eux même les minéraux dont ils ont besoin en profondeur dans le sol grâce à leur système racinaire développé.

En revanche, il en est tout autre pour les haies. Beaucoup de jardiniers ne fertilisent jamais le pied des haies et pourtant taille après taille, le sol s’épuise inévitablement. Un sol moins riche et la santé de vos haies risque d’en pâtir, les sujets deviennent plus fragiles et surtout moins forts contre les attaques parasitaires. La taille en haie carrée est bien tolérée par le Hêtre mais ne demeure pas moins une source importante de stress.

Pour pallier cela, épandez à la volée chaque année en sortie d’hiver des granulés d’engrais organique complet. Respectez les dosages préconisés d’un fertilisant à l’autre. De par ces apport, vous régulez l’exportation de matière du sol et conservez un bon complexe argilo-humique.

3.3. La taille

La taille est bien différente que le Hêtre soit :

– En forme libre.

Les tailles de formation lorsqu’ils sont jeunes peuvent être nécessaires afin de sélectionner telle ou telle branche et d’obtenir une forme harmonieuse. Il est important de veiller à conserver un fuseau bien distinct et d’éviter les fourches qui peuvent être source de cassure en cas de neige ou de tempête.

Ensuite, les élagages peuvent être employés dans différents buts, que ce soit pour éliminer le bois morts, les branches cassées ou abîmées. Ces petits élagages se font en fin de printemps pour une cicatrisation optimale.

– En haie.

La meilleure saison pour tailler les haies de Hêtre est le mois de juin. Non seulement parce que la cicatrisation se régule d’elle-même rapidement comme dans le cas d’un élagage mais aussi parce que vous taillerez la pousse de l’année. Une seconde viendra alors pousser jusqu’en automne mais en rameaux plus courts. Une seule taille annuelle suffit.

A savoir : La marcescence des Hêtres est meilleure sur les jeunes branches. Tailler en juin pour favoriser une petite repousse avant l’hiver vous assure un meilleur brise vue l’hiver suivant.

3.4. Les maladies et ravageurs

Les Hêtres sont des arbres très rarement malades. Les seuls ennemis ne leur portent que très peu préjudice, c’est le cas des Pucerons et des Cochenilles. Ces insectes piqueurs-suceurs se nourrissent de la sève des feuilles mais ne mettront jamais en péril un Hêtre. Inutile de traiter, la faune auxiliaire s’en chargera.

L’Oïdium, une maladie cryptogamique provoquant une poudre blanche sur les feuilles peut aussi s’apercevoir mais sans autres dégâts qu’une atteinte esthétique.

4. LES BONNES ASSOCIATIONS

Le Hêtre est plutôt un genre solitaire hormis en forêt où il côtoie Chênes, Fresnes, Charmes ou même des résineux comme les Epicéas ou les Sapins. Les Hêtraies de culture gardent ce principe d’association de feuillus utilisés pour leur bois.

En clos masure (alignement d’arbres de haut jet qui délimite les corps de fermes normands) ou en haies, les plantations sont monospécifiques.

En isolé, le discours reste toujours le même, les Hêtres aux cultivars décoratifs doivent être plantés seuls pour être magnifiés.