PLANTES, Plantes pour le jardin

LES BONNES PRATIQUES D’UNE PELOUSE ÉCOLOGIQUE

Tondre la pelouse. Une perspective d’herbe verte coupe bande

Le modèle de pelouse idéale est fermement ancré dans les consciences comme une surface lisse, bien verte et en monoculture de graminées. La biodiversité n’a que peu de place pour s’y installer, que ce soient des plantes à fleurs considérées comme indésirables mais aussi toute la faune présente habituellement en prairies. Aborder les choses différemment n’a que des avantages, tant économiques qu’écologiques. Une pelouse peut être tout aussi belle et même en meilleure santé avec des gestes plus écoresponsables ainsi qu’une meilleure connaissance de ce milieu si particulier.

Voici les meilleures techniques à mettre en place :

1. LA BIODIVERSITÉ VARIÉTALE

Depuis janvier 2019, les produits désherbants chimiques sont interdits pour les jardiniers amateurs. Le désherbant sélectif gazon a également suivi cette logique, conduisant le jardinier à laisser une biodiversité ‘forcée’. Alors que certains ne comprennent pas que l’on puisse avoir d’autres plantes que des graminées dans un gazon, il est important de savoir que toutes ces plantes se complètent.

Si l’on prend l’exemple tu Trèfle, tellement décrié par les partisans de la pelouse nette, il s’agit d’une plante quasi indispensable dans une pelouse bio diverse. Cette plante de la famille des Fabacées a la caractéristique de fixer dans le sol l’azote qu’elle capte dans l’air. De plus, l’ombre que procure son feuillage sur le sol évite son dessèchement. Le Trèfle agit alors comme un protecteur et un garde-manger pour toutes les graminées de la pelouse.

Optez alors pour les pelouses mixtes composées des espèces naturellement présentes dans notre écosystème en plus d’une majorité de graminées.

Ces plantes peuvent être ajoutées à des bulbes plantés par le jardinier afin de fleurir la pelouse en sortie d’hiver. Les Crocus, Perce-neige et Muscari sont de très bonnes idées à ce sujet puisqu’ils entreront en dormance avant l’été.

2. MOINS DE SURFACE

Les surfaces tondues régulièrement peuvent assez facilement se limiter au strict nécessaire. Il est tout à fait justifié de consacrer un engazonnement pour une zone dédiée aux enfants ou bien un endroit de détente ou il fait bon pique-niquer. Ailleurs, désignez des zones moins utilisées afin d’y laisser la pelouse prospérer plus librement. Optez pour une prairie fleurie où vous pourrez semer annuelles, bisannuelles ou plantes vivaces afin d’encourager encore une fois la biodiversité dans votre espace vert.

N’oubliez pas que moins de surface de gazon tondu veut aussi dire plus de temps libre pour vous consacrer au potager ou aux massifs d’ornement.

3. CHOISIR LA TONDEUSE ADAPTÉE

Le choix de la tondeuse peut paraître anodin mais l’empreinte carbone de l’utilisation de ce matériel n’est pas toujours neutre.

– Pour les plus petits terrains, privilégiez une tondeuse manuelle. Elle se pousse facilement avec sa lame hélicoïdale en veillant à tondre régulièrement car elle agit en mulching. Elle n’émet pas de gaz polluants, est moins onéreuse et se range plus facilement en raison de sa taille réduite.

– Pour une surface de plus ou moins 1 000 m², l’électrique offre de bons rendements tout en étant un bon compromis pour son rapport carbone. Elle est facile d’utilisation car souvent autotractée et plus légère qu’une thermique.

– Pour les grandes surfaces, la solution la plus écologique est l’écopatûrage que ce soit par des chèvres, moutons ou encore des oies. Malheureusement encore peu utilisé, le recourt à la tondeuse thermique ou au robot de tonte demeure souvent privilégié.

4. TONDRE AUTREMENT

Une pelouse plus écologique est une pelouse souvent moins tondue à part dans le cas du mulching. En revanche, une coupe plus haute de l’ordre de 8 à 10 cm, loin des greens de golf, vous permet d’avoir un gazon plus vert et moins stressé. Sa résistance à la sécheresse est meilleure et elle offre aussi moins la possibilité de germination pour les Pissenlits ou les Rumex. La fréquence de tonte d’une pelouse plus haute est alors plus espacée car la plante n’a pas besoin de repousser vite pour faire sa photosynthèse.

Relevez systématiquement la hauteur de coupe à l’approche des chaleurs estivales et avant l’hiver afin de lutter contre l’installation de la mousse.

5. MULCHER OU RECYCLER

La gestion des déchets de tonte est l’éternel problème du jardinier. Deux solutions majeures s’offrent à vous :

La première est le mulching. Cette technique qui vise à couper régulièrement le gazon à une hauteur définie afin de réduire la quantité coupée et de la broyer afin qu’elle retombe au niveau du sol. Ce mulching transforme alors les déchets en un paillage minuscule venant enrichir le sol au fur et à mesure, tout en évitant le stress hydrique. Les tondeuses à lames hélicoïdales ou les robots de tonte utilisent cette méthode zéro déchet.

La seconde est tout simplement de voir les déchets de tontes, lorsqu’ils sont extraits, non pas comme un déchet mais plutôt comme une matière première. L’herbe fraîchement tondue regorge d’eau, d’azote et de fibres, tout ce qu’il faut pour faire un excellent paillage. Elle pourra à votre convenance rejoindre le compost comme une matière azoté, en veillant à ne pas faire une couche de plus de 5 cm afin d’éviter les problèmes de fermentation, responsable de mauvaises odeurs.

Étalez-la au soleil quelques heures pour la déshydrater puis épandez votre déchet de tonte au pied de vos haies comme paillage… un principe gratuit, facile à mettre en place et qui ne vous obligera pas à transporter votre précieuse matière organique jusqu’à la déchetterie.

6. PROSCRIRE L’ARROSAGE

En raison des étés de plus en plus chauds et secs, la gestion de l’eau et de son partage est tout à fait à l’ordre du jour. Les arrosages au jardin doivent se faire de manière raisonnée et plutôt dans un contexte vivrier. Avoir une pelouse super verte en pleine sécheresse est-il réellement vital ?

Une pelouse est d’autant plus gourmande en eau que les plantes qui la composent n’ont qu’un faible enracinement. Elles utilisent donc uniquement l’eau présente en surface, la plus rare en période sèche.

Les effets de ce manque ne tarderont pas à se faire sentir car les graminées commenceront à jaunir puis sécher complètement pour ne concentrer leur énergie que dans leur système racinaire. La reprise de croissance végétative reviendra naturellement après les pluies de fin d’été et d’automne.

7. NOURRIR LE SOL

La fertilisation est un point très important, qui est souvent négligé. Chaque plante est intimement liée à son sol et sa santé en dépend directement. Une pelouse est toujours plus belle dans un sol riche et bien traité. S’intéresser à la texture et la structure de ce dernier n’est donc pas une perte de temps.

Elle est indispensable surtout si vous ramassez à chaque fois le produit de vos tontes, auquel cas, le sol finira par s’épuiser et votre gazon périra petit à petit. Si vous avez un sol relativement acide où la mousse s’installe facilement, vous pouvez faire un apport de Lithotame ou de chaux en janvier afin de corriger cette acidité.

Vous pourrez apporter par exemple de la corne broyée ou torréfiée, du compost très fin et bien décomposé ou encore des fertilisants à base d’algues pour un gazon ayant besoin d’un coup de fouet. En complément, apportez des fertilisants à diffusion lente deux fois par ans sur toute votre pelouse. Ils devront être fins afin d’intégrer rapidement le sol et ne pas être aspirés par la tondeuse après leur apport. N’apportez pas d’engrais trop riche en azote sinon votre gazon poussera beaucoup plus vite, rendant ainsi les tontes plus régulières. Ces fertilisants seront apportés seulement pour les gazons les plus souffrants ou ayant subi une forte scarification.

Privilégiez enfin les apports durant les périodes humides ou avant une bonne pluie afin qu’il puisse commencer à se dégrader sans sécher.

Vous avez à présent tous les ingrédients en mains pour réussir à mettre en place de nouvelles pratiques, plus proches de la nature. Vous verrez à coup sûr de nombreux changement sur la santé globale de votre jardin en misant sur la biodiversité plutôt que la ‘stérilisation’ du jardin.