PLANTES, Plantes pour le jardin

LE JARDIN DU LITTORAL

Jardin du littoral

En bord de mer, les conditions sont très particulières, nul autre jardin ne rencontrera les caractéristiques similaires à celui du littoral. Ce sont surtout les quelques centaines de premiers mètres qui sont les plus durs à gérer du fait des conditions climatiques redoutées par bien des plantes. Toutefois, il n’est pas impossible de planter et orner votre jardin, avec brio, en ayant une abondance de fleurs et de feuillages.

1. SES CARACTÉRISTIQUES

Afin de mieux appréhender le jardin du littoral, nous allons voir l’ensemble de les avantages et les inconvénients. Vous verrez alors que tout n’est pas noir et que cet emplacement peut s’avérer tout à fait positif à la culture de certaines plantes, qu’il est possible de cultiver quasi exclusivement dans ces conditions. Connaître ses caractéristiques pour adopter les bons gestes et tirer le meilleur parti du lieu, est le meilleur moyen de se lancer en ayant toutes les clés en main.

1.1. Les avantages

Même si le jardin du littoral est toujours décrit pour ses contraintes nous allons justement commencer par ses atouts pour démontrer qu’ils sont plus nombreux que l’on pourrait le penser :

Le taux d’ensoleillement :

L’une des choses les plus importantes au jardin pour une très grande majorité des plantes. Le soleil et les lumières sont deux des principaux facteurs clés d’une bonne santé des végétaux, encourageant une floraison plus belle, colorée et abondante. En bord de mer, les arbres sont peu présents et l’ombre n’y est que rare. De plus, le reflet que procurent l’eau et les surfaces lisses comme le sable accentue un peu plus cet effet.

Les températures clémentes :

Contrairement à l’intérieur des terres, la proximité de l’océan et l’action du Gulf Stream (courant marin d’eau chaude) permet une régulation naturelle des températures. A l’année, les écarts chauds froids y sont atténués. Les hivers y sont de ce fait plus doux avec un risque de gel moindre et les étés plus tempérés avec des épisodes potentiellement caniculaires nettement plus rares.

L’hygrométrie :

Tout comme pour les températures, le taux d’humidité dans l’air est bien différent sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. Véhiculées par les vents marins, les plantes du littoral souffrent ainsi moins d’un air desséchant, ce qui leur est profitable en contrepartie de sols souvent secs.

1.2. Les inconvénients

Dans cette liste de contraintes, le premier récurrent lorsque l’on parle de bord de mer est bien entendu :

La présence des embruns :

Par définition, un embrun est une gouttelette d’eau soulevée par le vent et produite par les vagues qui se brisent. Les végétaux sont souvent sensibles au sel, et qui plus est, sur leur feuillage qui l’agresse et le brûle. Là, est tout l’enjeu de sélectionner des plantes aptes à résister à cela.

Le vent :

Moins problématique que les embruns, mais évidemment plus facilement constatable, le vent est récurrent en bord de mer. C’est d’ailleurs lui, le responsable du désagrément occasionné par les embruns. Tantôt très fort, il peut plier et briser des branches ou même donner l’illusion que la plante a poussée penchée, alors qu’elle ne fait que s’adapter en résistant au vent. Tantôt doux et continue, il assèche les sols surtout ceux non paillés, favorise aussi l’érosion et la transpiration des feuillages, accentue la sensation de froid.

Le sable :

Pas nécessairement présent sur tous les littoraux, le sable a sensiblement le même effet que les embruns en endommageant les feuillages lorsqu’ils sont projetés par le vent. De plus, il encourage une nature de sol drainante et pauvre.

L’ensemble de ces caractéristiques font du jardin du littoral un type de jardin vraiment à part. Plutôt considéré comme aride, des plantes ont su s’adapter à ces conditions d’ensoleillement, de vent, de douceur dans des sols pauvres, secs et parfois salés.

2. LES RÈGLES À SAVOIR POUR BIEN DÉMARRER

Les conditions spéciales sont une chose, mais bien débuter son jardin pour en obtenir le meilleur en est une autre. Le but n’est pas de transformer le jardin en un jardin classique, mais bien de prendre en considération les avantages et les inconvénients pour en tirer parti, en d’autres termes : s’adapter !

2.1. Protéger

C’est sans l’ombre d’un doute la première chose à faire, surtout si le jardin est à nu. Le vent est la première chose que l’on doit chercher à atténuer. Vous ne pourrez jamais le stopper totalement et il fait de toute façon partie intégrante de ces paysages, au même titre que les embruns.

La conception de brise vent permet de filtrer l’air, alors qu’un mur formera un barrage. Le vent au contact de ce barrage passera par-dessus et accélérera sa vitesse devenant alors d’autant plus violent et problématique

Préférez la plantation de haies en strates, qui filtrera le vent en réduisant son intensité. Idéalement, choisissez 2/3 de persistants pour 1/3 de caducs. Plusieurs lignes peuvent donc être créées surtout si vous vous situez sur le front de mer. La première strate, plus basse, sera composée de plantes particulièrement résistantes comme des graminées de dunes ou des arbustes bas. La seconde sera formée à l’aide d’arbustes jusqu’à 2 m de hauteur. Une dernière, non obligatoire, mais toutefois possible avec des conifères ou d’autres arbustes plus imposants.

À savoir : Une haie d’un mètre de hauteur permet de protéger 10 m au sol.

Au-delà des plantes, les brises vents artificiels peuvent aussi être utilisées dans la même optique d’efficacité. Les brandes, les canisses ou les ganivelles sont quelques techniques qui mixent esthétisme et solidité. Elles sont fabriquées à partir de matières organiques comme le bambou, la bruyère ou tout simplement le bois tressé.

Ces palissades ont le mérite de filtrer le vent mais aussi et surtout ralentir voir empêcher le déplacement du sable. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent ce type d’installation dans les dunes, comme protection face à l’érosion.

2.2. Bien planter

Choisir des plantes adaptées est une chose, mais bien les planter en est une autre. En effet, nous l’avons vu, les conditions du jardin de bords de mer, peuvent paraître hostiles à première vue. Une plante encore peu enracinée ou laissée à son propre sort peut même, si elle est adaptée à ces conditions, devenir elle-même vulnérable.

Les clés du succès sont les suivantes :

Plantez jeune :

Un arbuste, arbre ou plante vivace jeune et de petite taille seront toujours plus résistants qu’un gros sujet. Ce dernier, plus volumineux mais avec un système racinaire restreint à la taille de son pot, souffrira toujours beaucoup plus durant tout le temps nécessaire à son enracinement. Les feuilles tendres et fragiles risqueront aussi des brûlures. À l’inverse, une plante jeune s’enracinera bien plus vite et surtout son port pourra s’adapter aux conditions au fur et à mesure.

Plantez au printemps :

Le printemps est la meilleure saison pour planter un jardin de bords de mer. Les tempêtes automnales sont rares, la pluie toujours présente et la douceur se confirme de jour en jour. Les feuillages caducs devront être mis en terre de préférence avant la sortie de leur feuille, quant aux persistantes à feuillage dur, la plantation peut s’étaler jusqu’à un peu plus tard.

Plantez serré :

Ce conseil est surtout valable pour les haies brise vent ou justement les emplacements fortement soumis à cet élément. Le fait de planter serré permet aux racines de s’entrelacer tout en s’encrant mieux dans un sol souvent dur.

Enrichissez :

Pauvre, minéral et sablonneux sont la caractéristique de la plupart des sols littoraux. Enrichir à la plantation permet alors de donner un coup de pouce à vos plantes durant leur période d’enracinement. Utilisez de préférence du compost ou bien en substitution du terreau enrichi. Le but étant surtout d’amender le sol, en aucun cas il ne doit être fertilisé à l’excès car la plupart des plantes adaptées aux bords de mer préfèrent justement les sols pauvres.

Paillez :

Le paillage, comme dans n’importe quel type de plantation, est indispensable après une plantation. Les paillis organiques sont ici à proscrire, puisque les plantes sélectionnées préfèrent les ambiances minérales. De plus, le vent pourrait rapidement venir à bout d’un paillis trop fin, rendant son efficacité réduite à néant. Utilisez donc des paillis minéraux, comme la pouzzolane, les gravillons ou encore l’ardoise pillée.

3. LES PLANTES FAVORITES POUR LE BORD DE MER

Le choix de plantes est, contrairement à ce que l’on pourrait penser, très large. Certains signes sont facilement reconnaissables, afin de déterminer si une plante tolère le littoral et ses conditions.

Tout d’abord, les feuilles gris ou duveteux. Ce sont des plantes qui disposent d’un feuillage apte à résister aux forts indices UV et à la sécheresse. Leur couleur et leur caractéristique tomenteuse agit comme une protection au soleil, au vent et aux embruns. Pour en citer quelques-unes, vous trouverez les Cerastium, Convolvulus, Atriplex, Lavandules, Peupliers gris ou encore Yuccas rostrata.

Ensuite, on distingue un autre groupe de plantes elles aussi résistantes au sec, au vent et à la pauvreté des sols : les plantes grasses. Sous nos latitudes, choisissez des plantes rustiques comme les Sedum, Sempervivum ou les Carpobrotus, fortement présentes à l’état naturel sur les dunes atlantiques.

Les plantes à feuillage coriaces et notamment une bonne partie des plantes de Nouvelle Zélande. Souples et coriaces, les seules choses qui leur portent préjudice sont l’excès d’humidité, l’ombre ou les sols trop lourds, ce qui n’est pas le cas en bord de mer. Les Phormium, Cordyline, Pitosporum ou bien des espèces plus exotiques comme le Phoenix des Canaries ou le Palmier Chamaerops humilis.

Pour continuer, vous trouverez aussi une belle gamme de conifères et de plantes acidophiles. Les Cyprès, les Pins parasol ou des landes, les Bruyères.

Il en est de même avec certaines plantes plus traditionnellement utilisées dans les terres mais qui s’adaptent parfaitement au littoral. On retrouve dans cette catégorie bon nombre d’arbustes qui peuvent justement être utilisés pour les haies brise-vent. Pour en citer quelques-uns, l’Eleagnus, l’Escallonia ou encore les Fusains du Japon.

Pour en finir avec les vivaces, la gamme est tout aussi importante et colorée. Une bonne partie des vivaces mousses comme l’Azorella, la Campanule des murs, le Cleranthus ou les Saxigrages. Plus hautes, vous pourrez vous tourner vers les Bergenias, les Mauves, les Perovskia, Lavatères ou encore Aster pour une floraison automnale.