INSPIRATIONS & ASTUCES

LE CERNAGE

Technique largement utilisée en pépinière notamment celles de plein champ pour la production de gros sujets, le cernage participe à une transplantation en douceur. Que ce soit pour améliorer les chances de reprise ou pour réduire la vigueur d’un arbre, cette technique peu rependu dans les jardins devrait toutefois être plus plébiscitée dans certains cas.

1. QU’EST CE QUE LE CERNAGE ?

1.1. Transplanter

Avant toute chose, il est important de savoir définir une transplantation. C’est une technique qui vise à déterrer une plante herbacée ou ligneuse dans le but de la planter dans un autre endroit. Les raisons d’une transplantation peuvent être diverses :

– La plante devient trop grande pour l’endroit qui lui a été proposé à la plantation.

– Son système racinaire risque de devenir à terme problématique pour une infrastructure (terrasse, bassin, etc.)

– L’effet visuel recherché ne correspond pas à l’attente du jardinier.

– Toute autre raison qui vous amènerait à vouloir déplacer une plante.

Transplanter peut sembler simple et rapide à mettre en œuvre mais notez qu’il faut toujours respecter la bonne technique que ce soit en termes de pratique que de moment. Lorsque vous transplantez, vous arrachez soigneusement et replantez aussitôt.

1.2. Cerner

Le cernage vient alors en complément de la transplantation mais surtout dans le cas de gros arbustes ou d’arbres plantés depuis plusieurs années. Cette opération consiste à couper les racines dans un cercle de diamètre variable selon la taille du sujet et de son type d’enracinement. Une tranchée doit donc être réalisée de manière à couper les racines du pourtour tout en laissant celles du dessous qui pourront continuer d’alimenter l’arbre en eau et nutriments.

1.3. Pourquoi cerner ?

Pour comprendre l’utilité du cernage il faut avant tout en savoir plus sur le système racinaire des arbres. Sur les racines, ce sont toujours les extrémités qui permettent de capter l’eau et les éléments minéraux dissous. Au même titre qu’un tronc qui n’a pas de feuilles, une grosse racine n’a pas d’organes pour absorber l’eau. C’est au niveau des poils absorbants que toute la magie se pratique. Sans ces derniers qui sont sectionnés lors de la transplantation, l’arbre a plus de mal à reprendre son activité végétative.

A savoir : Le système aérien fonctionne comme le système souterrain chez un arbre. Lorsque l’on coupe une branche, des bourgeons dormant se réveillent et produisent une ou plusieurs ramifications. C’est le même processus sur les racines qui se régénèrent en se ramifiant dès qu’elles sont coupées.

Cependant, la grosse différence entre les tiges et les racines est qu’un arbre peut reformer rapidement des tiges si son système racinaire est intact. A l’inverse la formation de nouvelles racines capables d’alimenter les tiges est beaucoup plus longue.

Le cernage utilise donc la faculté des racines à se ramifier lorsqu’elles sont coupées. En sectionnant toutes les racines du pourtour, un chevelu racinaire (riche en poils absorbants) se forme à l’intérieur de la future motte, au plus près du tronc. Une grosse partie des fonctions vitales racinaires seront alors reformées et la transplantation deviendra beaucoup moins risquée.

2. QUEL ARBRE CERNER ET TRANSPLANTER ?

Une transplantation, même précédée d’un cernage n’est pas toujours acceptée de la même façon d’un arbre à l’autre. Plus le sujet en question est âgé et grand, et plus le risque est présent. On note que l’opération devient risquée lorsque le tronc dépasse une circonférence de 60 cm.

De plus, il existe deux grands types de systèmes racinaires chez les arbres.

2.1. Le système pivotant

Il s’agit d’un système racinaire dont une racine principale s’ancre fortement et verticalement dans le sol à la manière d’une Carotte. Les ramifications latérales sont présentes mais la plupart des racines vont s’enfoncer en profondeur. C’est le cas des Fresnes, Chênes ou encore Aubépines.

Les arbres à racines pivotantes sont appréciés en ville puisqu’ils n’occasionnent pas de dommages sur les infrastructures alentours et sont moins sensibles aux tempêtes.

2.2. Le système traçant

Contrairement au système racinaire pivotant, le traçant est nettement plus en surface. Il existe tout de même quelques racines pivots servant d’ancrage à l’arbre mais la plupart sont orientées plus horizontalement sur les pourtours. Les représentants de ce système racinaire sont les Peupliers, Bouleaux ou autres Saules. Ils sont privilégiés pour les sols durs et peu profonds car ils peuvent subsister avec peu d’épaisseur de terre.

3. COMMENT RÉALISER UN CERNAGE ?

3.1. La technique

Cerner c’est avant tout anticiper et c’est souvent ce temps qui fait défaut lorsque l’on souhaite transplanter. En effet, la reconstruction du système racinaire avec un chevelu racinaire suffisant est longue. Il faut compter en moyenne 2 ans pour que le chevelu soit suffisant.

Le début de l’opération débute de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver lorsque l’arbre est en repos végétatif. Le principal est de ne pas le faire lorsqu’il gèle.

– Délimitez le tour de la future motte en prenant en compte le type de système racinaire de votre arbre mais aussi son âge. Le diamètre de la tranchée sera plus important pour un sujet à racine traçante qu’un pivotant. De même, plus la motte sera importante et meilleur sera le taux de reprise. Comptez en moyenne 80 cm à 1 m de diamètre.

– Creusez ensuite une tranchée en cercle sur le diamètre choisi. Réalisez cette tranchée avec une bêche bien affûtée de manière à couper les racines sans les broyer. La profondeur recommandée est une nouvelle fois de 80 cm à 1 m afin d’atteindre les racines principales mais tout en gardant celle du dessous intactes.

– Une fois la tranchée terminée, coupez les racines visibles proprement, à l’aide d’une scie ou d’un sécateur pour que la coupe soit le plus nette possible.

– Terminez en remplissant la tranchée d’un mélange de terreau complété de sable. Ce mélange protégera les racines coupées et encouragera la production de chevelu racinaire.

ATTENTION : Cerner veut dire aussi diminuer d’une façon considérable l’ancrage de l’arbre. Il est donc indispensable d’installer un système de tuteurage voire même des haubans afin de ne pas risquer de le voir se coucher en cas de tempête.

Une fois les deux années passées, la transplantation devient possible par extraction de la motte avec les moyens mécaniques adaptés car le poids nécessite très souvent un engin de levage.

3.2. Le cernage sans transplantation

Même si le cernage est avant toute chose utilisé en vue d’une transplantation, c’est une technique qui peut aussi être envisagée pour réduire la vigueur d’un arbre. La solution peut paraître brutale mais elle ne l’est pas plus que lors d’une taille trop sévère.

C’est surtout sur les arbres fruitiers que la technique s’utilise, un peu différemment du cernage de transplantation, lorsque l’arbre produit beaucoup de branches verticales, très feuillues mais peu fructifères.

Dans ce cas, le diamètre du cercle de cernage doit plutôt être aux alentours de 3 m pour 50 cm de profondeur. Le but n’est pas d’obtenir une motte compacte mais justement de diminuer la vigueur de l’arbre en favorisant un enracinement plus en profondeur. De plus, la production de bourgeons à fleurs s’en trouve accentuée, garante d’une plus belle production. Il ne faut justement pas couper trop de racine car certaines branches pourraient alors mourir, le juste milieu doit être scrupuleusement respecté.