PLANTES, Plantes pour le jardin

L’ANTHRACNOSE

L'Anthracnose

L’Anthracnose n’est pas la maladie la plus connue au jardin et pourtant elle est relativement répandue sur une large gamme végétale. Comment la reconnaît-on ? Est-elle dangereuse ? Comment lutter ? Autant de questions sur lesquelles nous allons vous éclairer.

1. LA MALADIE

1.1. Description

L’Anthracnose est une maladie cryptogamique, c’est-à-dire qu’elle provient de champignons ; Pas ceux que l’on cueille dans les bois évidemment, de minuscules champignons parasites qui s’attaquent à certaines plantes, lorsque les conditions sont favorables à leur développement. Ils prennent des formes différentes et on les reconnaît aux déformations ou aux tâches qu’ils occasionnent sur les feuillages des plantes atteintes.

Plus communément surnommée « maladie du charbon » selon les racines grecque et latine, elle se caractérise par l’apparition de tâches rondes ou allongées, nettes et délimitées, de couleurs foncées, presque noires au début. Les taches s’éclaircissent ensuite en leur centre, pour tendre de plus en plus vers une couleur brune ou grise. Les tissus atteints se dessèchent progressivement puis finissent par mourir.

Sur les plantes non ligneuses comme le cas du Lupin, les taches sont là aussi présentes, mais la caractéristique la plus visible sont les pétioles qui se courbent et se tortillent sur eux-mêmes faisant peu à peu pourrir le cœur et le bourgeon terminal.

Cette maladie n’est vraiment problématique que pour les cultures potagères ou plantes herbacées. Sur des plantes ligneuses comme des arbres, les dégâts n’atteignent que les  feuilles et les fruits, mais sans causer la mort.

Les champignons ravageurs regroupés sous le nom d’Anthracnose sont plusieurs, les deux plus communs sont le Gloeosporium et le Colletotrichum. Chacun sont spécifique à une plante.

1.2. Les facteurs de développement

L’Anthracnose n’apparaît pas subitement comme par magie. Comme tout champignon, elle se reproduit à l’aide de spores véhiculées par le vent, l’eau ou transportée par des animaux d’une plante à l’autre. Ils pénètrent ensuite dans la plante, soit à l’aide d’une plaie ou bien directement par le jeune feuillage plus tendre. Les conditions favorables à son développement sont un temps humide associé à une température supérieure à 20°.

Une fois la saison passée, les risques ne sont pas écartés pour autant. En effet, le champignon se conserve dans le sol durant tout l’hiver sous forme de sclérote, des organes spécifiques qui se fixent aux feuilles mortes.

Le second organe qui reste actif est le spore, en quelque sorte la graine primaire du champignon. Eux-aussi persistent sur les feuilles mortes, mais également dans les interstices de l’écorce pour les plantes ligneuses.

Il arrive que la maladie contamine le fruit de la plante infectée, mais aussi la graine, la rendant contaminée avant même d’avoir germée. La culture suivante s’en trouve ainsi atteinte d’office et de plus, le taux de levée des graines en devient très mauvais. C’est ce que l’on appelle « la fonte du semis ». Il est donc plus facile de ne pas utiliser les semences d’une plante ayant contracté la maladie.

2. LES PLANTES SENSIBLES

On distingue plusieurs types de plantes pouvant être atteintes par l’Anthracnose :

Les ligneuses : ces plantes sont composées d’une structure secondaire ligneuse plus facilement identifiable, comme du bois dur ou des branches qui persistent l’hiver. Cette catégorie regroupe donc tous les arbres et arbustes.

Les genres les plus sensibles sont la Vigne, les Noisetiers, Cerisiers, Amandiers, Platanes ou Noyers chez les arbres. Les Framboisiers, Groseilliers, Vignes ou encore les Rosiers chez les arbustes.

Les herbacées non ligneuses : Contrairement aux ligneuses, les plantes herbacées n’ont pas de structure secondaire, elles sont composées de feuilles et tout au plus de tiges plus ou moins souples. On y retrouve des plantes vivaces comme les Lupins, mais aussi un nombre important de cultures annuelles comme le Maïs, la Luzerne ou le Lin en grande culture et la Tomate, la Fraise, le Melon, la Salade ou encore les Haricots et Petit-pois pour les cultures du potager.

3. LES MÉTHODES DE LUTTE

3.1. Les luttes mécaniques et préventives non chimiques

Les méthodes préventives pour le potager et les cultures sont compliquées et longues à mettre en place, surtout si le champignon a déjà fait son apparition. Il est capable de vivre dans le sol durant plusieurs années, ce qui vous oblige à faire des rotations de cultures sur 5 à 6 ans en évitant d’y installer aux endroits suspects des plantes sensibles.

Pour cela, la premières chose à faire, peu-importe la plante contaminée, est de brûler systématiquement les parties atteintes, lorsqu’elles tombent ou fanent. Cette simple action limitera ainsi la conservation du champignon dans le sol. De même, ne faites pas l’erreur de composter les débris contaminés, le champignon se détruit par le feu !

D’autres méthodes simples de mise en œuvre permettent de réduire les risques de contamination :

– Évitez de choquer les cultures sensibles par des micros lésions dans lesquelles les spores pourront y germer lorsque les conditions de chaleur et d’humidité sont réunies. Par exemple en circulant autour des cultures ou en binant avec un outil.

– Ne fertilisez pas à l’excès, surtout avec des fertilisants azotés. Ils favorisent la croissance en feuillage, de nouvelles feuilles tendres, idéales pour une attaque du parasite.

– Ventilez les plantations en essayant de ne pas trop serrer les plants, la mauvaise circulation d’air est un facteur aggravant.

3.2. Les luttes de biocontrôle

Tout traitement avec des produits phytopharmaceutiques chimiques est interdit pour le jardinier particulier depuis janvier 2019. C’est pour cette raison que les luttes curatives sont à présent inexistantes. Il y a encore quelques années, le produit efficace était commercialisé sous le nom de Mancozebe en lutte curative.

D’autres moyens de lutte préventive s’intègrent dans une logique de biocontrôle à l’aide de produits naturels. Dans le cas de l’Anthracnose, le moyen le plus efficace est de renforcer les défenses immunitaires des plantes par les décoctions de Prêle ou d’Ail. Le purin d’Ortie et de Consoude s’avère lui aussi efficace. Utilisez-les tous les 15 jours au printemps, car les premiers effets visuels de la maladie se font durant l’été, mais la protection doit être réalisée précédemment.

La bouillie bordelaise, solution à base de cuivre est connue et reconnue pour son action fongicide, elle reste le seul moyen avec les purins et décoctions de prévenir les risques de l’Anthracnose. L’application doit se faire à la chute des feuilles et au débourrement printanier. Répétez aussi les traitements préventifs surtout en cas de doute. Inutile de traiter toutes les cultures et plantes sensibles, si vous n’avez jamais eu de cas dans votre jardin. La prévention doit toujours se faire intelligemment et non de manière excessive dans le cas de la bouillie bordelaise.

Les décoctions et purins peuvent en revanche s’utiliser sans retenue car ils ont une action bénéfique sur la plante et non pas directement, contre le champignon.