PLANTES

LA COCCINELLE

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Symbole de l’écologie et du développement durable par excellence, la coccinelle est un petit insecte qui passe bien souvent inaperçu dans un jardin mais qui dispose de mille et une qualités tant au sein de l’écosystème que pour le jardinier lui-même.

1. LA RECONNAÎTRE

De nos jours, qui ne sait pas reconnaître une coccinelle ? Tellement atypique, il s’agit d’un petit insecte de l’ordre des coléoptères, facilement identifiables à leurs élytres généralement colorées formant la carapace.

Rouges ou jaunes à points noirs, il existe environ 90 espèces différentes de coccinelles en France. Ses couleurs vives sont en fait une astuce contre les prédateurs, car dans la nature, ce genre de signal indique un danger (même si la coccinelle est complètement inoffensive pour l’homme). Pour se protéger, elles sont capables d’expulser par leurs pattes du sang orangé à l’odeur désagréable.

De forme ovale et avec une taille qui oscille entre 3,5 et 5,5mm, les coccinelles sont vraiment petites. Elles disposent aussi de 3 paires de pattes et d’une paire d’ailes destinées au vol, en plus des élytres leur servant de protection.

A savoir : Une croyance populaire indique que l’âge d’une coccinelle est déterminé par le nombre de points noirs qui ornent ses élytres. En réalité, le nombre de points est directement lié à l’espèce de la coccinelle, autant dire que ce nombre ne varie pas le moins du monde durant sa vie. En France, c’est la coccinelle à 7 points (ou coccinella septempunctata) qui est la plus courante.

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A savoir : On la connaît aussi sous le nom de ‘Bête à bon Dieu’, appellation née d’une légende qui raconte qu’un condamné à mort écarta une coccinelle qui marchait sur le billot (tronçon de bois sur lequel était décapité le condamné) pour l’épargner. Les juges crurent à une manifestation divine et gracièrent l’homme.

2. SON MODE DE VIE

Une coccinelle vit en moyenne 1 à 3 ans pendant lequel elle se nourrit, se reproduit et hiverne.

2.1. Cycle de vie et de reproduction.

Tout commence au printemps lorsqu’une coccinelle mâle rencontre une coccinelle femelle, bien souvent non loin d’un rameau de plantes envahi de leur nourriture favorite : les pucerons.

1/ Tous deux s’accouplent, le mâle sur la femelle puis, quelques temps après, la femelle pond entre 50 et 400 œufs en une fois. C’est derniers, de couleur jaune sont directement fixés sur une feuille ou une tige et répartis çà et là sur la plante, afin que toutes les larves n’éclosent pas au même endroit.

La coccinelle

2/ 5 à 7 jours plus tard, une larve affamée sort de chaque œuf avec un seul but … manger ! Petite, grise, allongée et plutôt laide comparé aux adultes, elle n’a au départ, de ressemblance avec les adultes, que les 3 paires de pattes. Au cours des 3 premières semaines de son développement, elle est capable d’ingérer plus d’une centaine de pucerons par jour !

 La coccinelle

 

3/ Une fois venue au terme de sa croissance, la larve s’accroche solidement, grâce à de la soie, sur une feuille. Puis, elle se recroqueville sur elle-même, c’est la dernière étape de transformation avant l’âge adulte : la nymphe ou pupe. Elle restera environ une bonne semaine sous cet état.

4/ Le moment venu, l’enveloppe se craquèle jusqu’au moment où une petite coccinelle, chétive et jaune en sort. Quelques heures suffisent à la faire devenir rouge aux points noirs, à la manière d’une libellule faisant sécher ses longues ailes après s’être libérée de son enveloppe larvaire.

La coccinelle

La coccinelle

A savoir : Au cours d’une année, il pourra y avoir deux générations de larves : une au printemps et une en début d’été.

5/ La coccinelle devenue adulte, elle se nourrira à son tour jusqu’en automne puis entrera en diapause. Ce phénomène permet aux coccinelles de ralentir leurs activités biologiques et physiologiques au minimum, et ainsi se passer de nourriture durant tout l’hiver. Chez les mammifères, on parlerait d’hibernation.

A savoir : Durant leur phase de diapause, les coccinelles sont extrêmement vulnérables aux attaques d’un champignon appelé beauveria qui peut tuer jusqu’à 70% des groupements. Cette attaque survient souvent lorsqu’elles se réfugient dans des endroits trop humides.

6/ A l’arrivée des premières douceurs printanières, les individus sortent de leur phase de repos, repèrent un arbuste attaqué par des pucerons, puis s’accouplent et le cycle recommence.

2.2. L’HABITAT

La coccinelle

La coccinelle vit et prospère au sein de nos jardins. Elle apprécie tout particulièrement les arbres, arbustes et autres plantes vivaces attaqués pas les pucerons. C’est donc sur la période printanière qu’elles sont le plus visibles au jardin.

Durant l’été, il arrive qu’une partie de la population migre vers des zones de faible altitude vers 800m pour y trouver la fraîcheur et la protection jusqu’au printemps suivant. Mais cette caractéristique est surtout valable pour les régions chaudes.

Une fois l’automne venu, elles se regroupent par dizaines dans de petits interstices, sous des feuilles mortes ou encore dans des mousses pour y entrer en diapause jusqu’au printemps.

2.3. L’ALIMENTATION

La coccinelle

Chaque espèce de coccinelle a une alimentation spécifique. Grâce à cette diversité, certaines mangent du végétal, d’autres des acariens, des aleurodes et même des champignons. En ce qui concerne notre coccinelle à 7 points, elle se nourrit essentiellement de pucerons et de quelques cochenilles, même si en cas de manque de cette ressource, elle peut tout à fait se nourrir d’autres petits insectes.

Sa méthode d’attaque est quant à elle bien rodée. Elle commence dans un premier temps à repérer les plus grosses colonies en se déplaçant rapidement et en ligne droite. Une fois son analyse effectuée, elle ralentit sa cadence et se déplace aussi de gauche à droite de façon à attaquer le plus de pucerons possible.

Une fois attablée, elle dévore ses proies un peu à la manière des araignées. Pour ce faire elles les mordent puis leur injecte un suc digestif dans le corps de façon à leur liquéfier les tissus internes. Ensuite, elle n’a plus qu’à ingérer le contenu liquide et à laisser de côté toute l’enveloppe externe (peau).

3. UN ALLIE DE TAILLE POUR L’HOMME

La coccinelle

Après tous ces détails techniques sur la vie de la coccinelle, il ne vous a sûrement pas échappé la raison pour laquelle elle peut être d’une très grande utilité pour le jardinier.

Elle entre non seulement dans le cadre de lutte biologique contre certains ravageurs mais enrichit de manière significative la biodiversité de votre jardin. Evidemment, constater sa présence au jardin veut également dire qu’il y a des pucerons sur certaines de vos plantes. Cependant, un jardin sans aucun nuisibles est anti naturel et revient à y réduire considérablement la quantité de biomasse (animaux et végétaux dans un écosystème).

Selon les lois de la nature, la régulation se fait toujours d’elle-même, c’est pourquoi vous ne devrez pas avoir le réflexe de traiter chimiquement dès la présence du moindre puceron sur une plante. Il a déjà été reconnu qu’il est bon d’avoir quelques plantes ‘souffre-douleur’ çà et là dans le jardin de manière à épargner les autres tout en attirant la faune auxiliaire tant convoitée.

3.1. Quel est le seuil de tolérance du nombre de pucerons dans un jardin ?

La coccinelle

Nous aurons tendance à vous conseiller de ne traiter avec un insecticide qu’en cas de grande invasion sur une plante où même les coccinelles auraient du mal à en venir à bout !

Pour ce faire, traiter le soir en évitant tout de même de le faire en cas de présence de coccinelles ou larves de coccinelles sur la plante. En effet, les insecticides même biologiques ne sont en aucun cas sélectifs, s’ils tuent les pucerons, ils le feront de même avec les coccinelles car le pyrèthre végétal comme toute autre molécule ne font pas de distinction.

3.2.  Une plante est attaquée par les pucerons mais pas de coccinelles à l’horizon, je ne veux pas traiter chimiquement, où s’en procurer ?

En cas de moyenne ou faible attaque et d’absence de coccinelles dans votre jardin, il vous est tout à fait possible d’acheter des œufs ou des larves en magasin de manière à les disposer sur vos plantes infestées. Ainsi, elles se déplaceront de part et d’autres sur la plante pour en dévorer ses occupants nuisibles. Les larves n’étant pas en mesure de voler, elles resteront toujours sur la plante hôte jusqu’à leur âge adulte puis se reproduiront facilement dans votre jardin par la suite.

3.3. Comment les faire rester dans mon jardin ?

La maison des insectes

Avoir des coccinelles, c’est bien mais les garder, c’est mieux ! Pour les fidéliser, elles n’ont que deux grandes exigences qui sont la nourriture en abondance et un logement attractif. Commencez déjà par ne pas atomisez vos plantes avec des produits phytosanitaires en tous genres. Ensuite, vous pouvez leur construire un hôtel à insectes où une partie sera consacrée à ces petits auxiliaires. Si vous n’êtes pas bon bricoleur, il existe des abris à coccinelles ou de petits hôtels à insectes prêts à poser. Elles y trouveront un bon refuge pour l’hiver, abrité de l’humidité excédante mais aussi d’un quelconque prédateur.

4. LA COCCINELLE ASIATIQUE : UNE REDOUTABLE CONCURRENTE

En France, beaucoup d’espèces animales et végétales sont préoccupantes. Une coccinelle est considérée comme nuisible : La coccinelle asiatique (harmonia axyridis).

4.1. Caractéristiques

La coccinelle asiatique

Comme son nom l’indique, cette espèce est d’origine chinoise. Elle fut introduite vers 1982 en France par l’INRA pour ses nombreux atouts contre les pucerons. En effet, cette coccinelle particulièrement vorace peu consommer 150 pucerons par jour et se reproduit beaucoup plus abondamment que nos coccinelles françaises.

On les reconnaît facilement à leur couleur noire, rouge et orangée et leur plus grande taille que la coccinelle à 7 points.

Elle fut ensuite commercialisée à tort en tant que lutte biologique au détriment de la coccinelle à 2 ou 7 points, car son coût de production était plus faible ! Aujourd’hui, elle est présente surtout au nord de la Loire mais elle progresse rapidement vers le Sud.

C’est en automne qu’on les observe de façon récurrente du fait qu’elles aiment tout particulièrement pénétrer dans les maisons pour passer l’hiver où elles peuvent s’amasser par centaines provoquant des nuisances sanitaires pour les occupants.

4.2. En quoi est-elle problématique ?

Le côté néfaste de cette coccinelle vient du fait qu’elle est trop envahissante et contrairement à ce que l’on peut penser, trop vorace. En effet, lorsqu’elle en a l’occasion, elle peut aussi attaquer les larves des coccinelles françaises, réduisant ainsi leur population, déjà menacées par les utilisations de pesticides.

4.3. Faut-il l’éradiquer ?

Pour le moment, le temps n’est encore qu’à l’étude d’un impact de cette coccinelle sur les écosystèmes et surtout sur un long terme. De nombreuses observations montrent qu’elle s’étend sur de nombreux territoires mais ses populations ne connaissent pas pour autant une expansion fulgurante chaque année.

L’éliminer complètement ne serait donc pas utile, car elle s’avère tout de même bénéfique dans la régulation des pucerons. Cependant, une limitation de leur population peut être faite par chacun mais surtout pas à l’aide de produits chimiques. Pour cela, recueillez-les à l’aide d’un aspirateur complété d’un collant à l’intérieur si elles viennent dans vos habitations en automne. Une fois piégées dans le collant, nouez le et placez le quelques heures au congélateur pour les endormir et les tuer sans cruauté.