PLANTES, Plantes pour le jardin

L’ ÉRABLE À PEAU DE SERPENT

L'Erable à peau de serpent

Le monde des Érables est vaste, c’est un genre représenté par des dizaines d’espèces aux formes, couleurs et caractéristiques toutes plus remarquables les unes que les autres. La catégorie des « peaux de serpent » en est une ne manquant pas à l’appel de l’originalité. Découvrons les particularités de ces espèces uniques en leur genre.

1. DESCRIPTION

Originaires d’Asie et plus particulièrement de Chine, les Érables à peau de serpent sont classés dans cette catégorie en raison de leur écorce. Celle-ci, de par leur teinte et leur motif, évoque une peau de reptile. On les classe en trois grandes espèces, Acer capillipes, Acer conspicuum et Acer davidii. Bien entendu, d’autres peuvent aussi rejoindre ce groupement mais nous ne nous intéresserons qu’aux plus populaires et démocratisés. Ils appartiennent tous à la famille des Aceracées dont le genre des Acer est le plus grand représentant.

1.1. Caractéristiques

Comme nous l’avons vu, la principale raison qui fait que l’on choisit un Érable à peau de serpent est son bois décoratif. Ces arbres viennent rejoindre le vaste choix qui s’offre au jardinier en termes d’écorces resplendissantes. Les caractéristiques que l’on peut souligner sur l’écorce de ces Érables sont au-delà du motif veiné:

– Des couleurs variées, du vert au rouge en passant par différentes nuances de bleu cendré.

– Une intensité des nuances qui augmente après la chute des feuilles ce qui permet de très jolies scènes en hiver.

– Une écorce lisse et des branches moyennement ramifiées.

Du point de vue des dimensions, ce sont des arbres de taille modeste qui vont s’ériger à une hauteur comprise entre 4 et 8 m pour 3 à 8 m d’envergure. Ils peuvent donc s’adapter aux jardins de taille moyenne du moment que l’exposition et le sol peuvent leur convenir. Ils développent plusieurs troncs, ce qui permet aussi d’accentuer le côté compact tout en appréciant les particularités de l’écorce.

Comme tous les autres Érables, ils ont un système racinaire pivotant qui ne causera pas de dommages aux infrastructures proches. Ce système racinaire se définit par des racines qui s’enfoncent en profondeur, plutôt verticalement qu’horizontalement.

Le feuillage se rapproche bien sûr de la célèbre feuille d’Érable représentée par l’Érable plane mais celle des peaux de serpent est toutefois plus petite. Le côté dentelé et découpé est lui aussi moins prononcé. Ceci donne une feuille plus arrondie et plate. Les couleurs automnales ne sont pas nous plus à négliger quelle que soit l’espèce que vous sélectionnerez. Les variations vont des jaunes aux oranges en terminant parfois par du rouge flamboyant.

La floraison n’est quant à elle que peu intéressante. Les fleurs se forment d’avril à juin sous forme de bouquets jaune vert, en même temps que les feuilles commencent à bien se déployer. Il existe notamment chez capillipes des sujets mâles et des sujets femelles. Dans ce cas, seules les femelles porteront à côté des fructifications ailées, à condition de setrouver à procimité de sujets mâles. Ces fruits portent plus d’intérêt décoratif que la floraison elle-même avec leur couleur rouge, notamment chez davidii.

1.2. Les différentes variétés

Acer capillipes :

Avec des dimensions pouvant atteindre les 8 m de hauteur pour 8 m d’envergure, cette première espèce d’Érable à peau de serpent est la plus volumineuse. Il se remarque aussi au côté évolutif de ses colorations. Son jeune bois est reconnaissable à sa couleur rouge tandis que le bois lignifié arbore des teintes vertes et blanches. Son feuillage vert vire dans des teintes flamboyantes en automnes, de l’orange au rouge écarlate. La couleur et la texture de son écorce s’accentuent après la chute des feuilles.

Acer conspicuum :

Il existe bien des cultivars chez cette espèce mais si nous devions n’en sélectionner qu’un, ce serait sans aucun doute ‘red flamingo’. Cette arbre semblerait presque artificiel tant ses couleurs sont étonnantes. Son écorce est d’abord rouge écarlate puis rouge veinée de blanc et enfin vert gris veiné de rouge. Les couleurs s’accentuent une fois l’hiver venu. Son feuillage n’a rien à envier à l’écorce au point de vue couleurs. Chacune des feuilles est aléatoirement mouchetée et marbrée de vert, blanc et rose. Un spectacle unique à lui seul en toutes saisons ! Son seul défaut viendrait peut-être de sa croissance anarchique ne lui apportant pas un port proportionné. Niveau taille, il s’érigera à 5 m de hauteur pour autant de largeur.

Acer davidii :

Cet Érable s’érige jusqu’à 5 m de hauteur pour 3 m d’envergure. On distingue plusieurs cultivars au sein de cette espèce. Le plus remarquable est sans aucun doute ‘viper’ qui est particulièrement original par rapport aux autres puisque son écorce vire au bleu argenté finement veiné lorsque les feuilles sont tombées et que le froid est arrivé. Durant tout l’hiver, ces nuances offrent un rendu pour le moins original d’autant que la teinte reste inchangée peu importe l’âge de l’arbre. L’écorce ne se craquelle pas avec le temps, le spectacle est donc de plus en plus intéressant au fil des années.

2. LA PLANTATION

2.1. Où ?

En raison de leur principale particularité surtout visible en hiver, il va de soit de planter ces arbres dans un endroit visible du jardin afin de pouvoir en profiter même de loin. Ils ont besoin d’un espace suffisamment aéré pour pouvoir prospérer comme ils l’entendent, c’est pourquoi ils n’auront pas leur place dans les trop petits jardins. De plus, ils préfèrent les ambiances mi-ombragées et pas trop brûlantes. Leurs exigences à ce niveau se rapprochent de celles des Érables du Japon. Cette ambiance pourra être créée par une habitation ou la présence d’arbres de haut jet à bonne distance mais leur offrant un peu de lumière tamisée aux heures les plus chaudes de la journée.

Côté sol, ils apprécient la fraîcheur mais pas l’eau stagnante, une légère acidité ou un pH neutre mais surtout pas calcaire et enfin une bonne teneur en humus dans un sol pas trop lourd.

2.2. Quand ?

Comme tout arbre et qui plus est rustique, la plantation est recommandée à l’automne. C’est à ce moment que vous les trouverez majoritairement présents en rayon. Bien évidemment, vous pourrez l’entreprendre également durant tout l’hiver du moment que le sol n’est pas gelé. Au printemps, il est encore possible mais le suivi de l’arrosage doit être beaucoup plus régulier. En été, abstenez-vous !

2.3. Comment ?

Une fois l’emplacement et l’espèce sélectionnés avec soin, il est temps de vous retrousser les manches :

– Trempez la motte de l’arbre pendant 15 à 20 minutes dans une bassine d’eau. Le but est de l’hydrater en profondeur et de démêler les racines plus facilement.

– Creusez un trou d’au moins deux fois la grosseur de la motte, tant en profondeur qu’en largeur. Le but ici est de décompacter votre sol pour faciliter l’enracinement mais aussi de l’amender.

– Ajoutez et mélangez à la terre extraite un peu de terreau pour alléger, de compost pour amender et de fertilisant organique en granulés pour enrichir.

– Plantez l’Érable en veillant à ne pas enterrer le collet (niveau entre les premières racines et le début du tronc)

– Rebouchez avec le mélange préalablement effectué puis terminez par un arrosage copieux.

– Paillez enfin la base sur au moins 1 m² avec un paillis organique de type BRF

Le tuteurage n’est pas forcément obligatoire puisque vous trouverez ces arbres la plupart du temps en baliveau ou en touffe. Le tuteur devient nécessaire dans le cas de l’acquisition d’un gros sujet ou d’un sujet sur tige.

3. L’ENTRETIEN

3.1. L’arrosage

 Comme nous l’avons vu précédemment, l’arrosage est un point clé dans la reprise. D’autant plus important dans le cas d’une plantation printanière, il est aussi nécessaire en suivi durant toute la première année qui suit la plantation. N’arrosez jamais à l’excès mais seulement en cas de nécessité afin de forcer l’arbre à trouver la fraîcheur de lui-même en profondeur.

Un arrosage efficace est un arrosage copieux mais espacé !

3.2. La fertilisation

Avec une fertilisation correctement effectuée à la plantation, nul besoin de mettre de l’engrais à outrance par la suite. Un simple renouvellement, chaque année, du paillage à sa base suffira à enrichir progressivement le sol. De plus, s’il est planté en isolé dans le gazon, la fertilisation annuelle de la pelouse lui profitera aussi indirectement. Quoi qu’il en soit, choisissez pour celle-ci toujours un engrais organique.

3.3. La taille

La taille des Érables à peau de serpent se limite à deux choses :

– La taille des éventuelles branches mortes, bien qu’ils n’en produisent que peu

– La taille des branches qui se croisent ou pouvant être disgracieuse au regard. Ceci est valable pour davidii et capillipes, car ils ont naturellement un port structuré. Avec conspicuum, vous feriez plus de mal que de bien.

La saison de la taille est idéalement en juin. En effet, c’est à cette période que l’arbre est le plus en possibilité de cicatriser ses plaies naturellement. Désinfectez toujours vos outils de taille à l’alcool à 90 ° avant, afin d’éviter tout risque de transmission de maladies.

3.4. Les maladies et ravageurs

Ces Érables sont surtout sensibles à deux choses :

– Les Pucerons : Ils s’attaquent aux jeunes pousses de printemps et pique les feuilles pour se nourrir de la sève. Ils colonisent assez vite et peuvent affaiblir l’arbre en cas de grosse attaque. Ceci se régule très souvent naturellement mais vous pourriez traiter une colonie à l’aide d’huiles végétales si la taille de l’arbre le permet encore.

– La Verticilliose : Il s’agit d’un champignon qui se développe dans l’arbre en étant véhiculé par la sève. Une fois l’arbre contaminé, il peut rapidement sécher et son bois devenir cassant et noir. C’est une maladie très dangereuse chez les Érables qui peut entraîner leur mort. Il existe deux facteurs qui sont propices à son développement. Le premier vient d’un sol trop lourd, pas assez drainant. Le second d’une transmission par un outil de taille souillé. D’où l’intérêt de toujours les désinfecter entre chaque taille.

4. LES BONNES ASSOCIATIONS

Les Érables à peau de serpent se plantent principalement en isolé car c’est ainsi que l’on peut profiter au mieux de leurs fabuleuses couleurs.

Il est également possible de les installer en massifs du moment qu’ils ne sont pas envahis d’autres arbustes trop volumineux qui viendraient cacher l’intérêt du tronc. Privilégiez la compagnie de petits arbustes comme les Nandina, Leucothoe, Bruyères, Hydrangea nains. Les vivaces et graminées sont elles aussi de merveilleuses compagnes pour apporter couleurs et légèreté. Choisissez-les parmiHakonechloa, Carex, Pennisetum, Aster, Hostas ou autres Fougères.