PLANTES, Plantes pour le jardin

LE DRAGONNIER DES CANARIES

Dragonnier des Canaries

Plante typique des îles canariennes, situées à l’Ouest de l’Afrique, on la retrouve ici à l’état sauvage. On peut y rencontrer lors d’un voyage sur l’île de Tenerife le plus vieux sujet recensé à ce jour et qui dépasserait l’âge vénérable des 1000 ans ! Sous nos latitudes, il en est tout autres le Dragonnier des Canaries n’a absolument pas sa place dans nos jardins, si ce n’est dans l’extrême sud méditerranéen de la France.

1. DESCRIPTION

Originaire des Canaries comme le laisse sous-entendre son nom vernaculaire, le Dragonnier des Canaries appartient à la famille des liliacées au même titre que les Lys, bien qu’il n’en ait pas du tout l’aspect. Il répond sous le nom scientifique de Dracaena draco.

Il était baptisé par les personnes de l’île jadis, l’arbre au sang de dragon en raison d’une de ses caractéristiques. En effet, lorsqu’il est griffé, la sève qui s’en écoule est rougeâtre.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Dragonnier des Canaries est une plante herbacée. Herbacée non pas dans le sens de sa taille, mais dans le sens qu’il ne possède pas de structure secondaire comme une plante ligneuse. Pour expliquer la chose simplement, une plante ligneuse a une structure secondaire, comme un arbre dispose d’un tronc et de branches dont le diamètre croit tous les ans. On peut le voir par les cernes de croissance lorsqu’un tronc est coupé. Une plante n’ayant pas de structure secondaire, comme le Dragonnier des Canaries, possède ce qui pourrait s’apparenter à un tronc mais sans aucune cerne. L’intérieur est composé de fibres qui résultent des feuilles s’étant formées auparavant puis ayant séché. C’est donc cet agencement de feuilles associé à la croissance en rosette qui fait que la plante progresse vers le haut et finit par s’ériger sur non pas un tronc mais un stipe.

Grâce à ce moyen de croissance, cette plante parvient à l’état naturel à prendre des dimensions de 20 m de haut pour 9 m de d’envergure. C’est une croissance relativement lente (10 à 15 cm par an à l’état naturel) avec un enracinement fort et ancré. Au cours de sa croissance, chaque tête se divise inlassablement pour permettre à la plante de grandir et s’élargir. Les cymes en forme d’artichaut poussent et s’érigent donc de cette manière d’année en année.

La floraison est quant à elle insignifiante et peu visible au regard de l’aspect massif de la plante. Ce sont des grappes de fleurs blanches suivies de fruits rouges non comestibles. Cette floraison tardive ne voit le jour qu’après une quinzaine d’années.

Sur des sujets d’un certain âge, des racines secondaires peuvent apparaître çà et là sur les ramifications. Elles viennent alors épaissir le tronc en lui donnant une meilleure assise et plus de maintien pour sa lourde charpente.

Toutes ces caractéristiques sont valables pour les sujets en pleine terre et surtout vivant dans les pays possibles à leur culture. Dans nos cas, vous pourrez le cultiver exclusivement comme une plante d’intérieur en le sortant à l’extérieur durant l’été. Ces dimensions seront alors largement rabaissées avec 2 mètres de maximum et peu de chance de le voir fleurir ou se ramifier.

2. LA PLANTATION

Nous l’avons vu, la culture du Dragonnier des Canaries n’est possible chez nous qu’en pot. Avant de parler de sa plantation à proprement dite, il est important de connaître les besoins de cette plante dans son état naturel. Lorsque l’on entend Canaries, on fait tout de suite référence à la chaleur. Toutefois, il faut savoir que malgré son incroyable résistance à la sécheresse, le Dragonnier n’affectionne pas particulièrement les chaleurs extrêmes associées à cette sécheresse. En effet, sur ces îles, les températures sont quasi constantes toute l’année, l’ambiance ventée en raison de la proximité de l’océan. Les UV sont forts mais la chaleur rarement caniculaire. Ils vont aussi trouver la fraîcheur en profondeur tout droit descendue des montagnes.

A l’inverse, l’excès d’humidité peut aussi lui être fatal même sur de vieux sujets.

Anecdote : sur l’île de Tenerife pousse un Dragonnier millénaire, véritable attraction touristique et force de la nature. Il y a quelques dizaines d’années, l’homme décida de planter son pied de plantes à fleurs afin de le rendre plus attractif. Cette plantation, accompagnée évidemment d’un système d’arrosage automatique. La mauvaise surprise fut qu’après quelques années, le Dragonnier millénaire ayant pourtant traversé les âges commença à montrer des signes de faiblesse directement liés à cette humidité plus forte, jamais connus auparavant. Toutes les plantes et le système d’irrigation à son pied furent alors enlevés. À l’heure d’aujourd’hui, il s’est refait une santé et a repris de nouveau toute sa vigueur malgré son grand âge.

Toute cette histoire pour dire que le Dragonnier affectionne :

            – Le soleil et donc une exposition très lumineuse,

            – Un sol drainant et minéral, mais à la fois ni desséché et ni trop humide

            – Une température idéale entre 15 et 30 °, sachant qu’il peut supporter de petites gelées de l’ordre de -2 ° s’il est planté en pleine terre sur les régions littorales où il est possible de le faire.

Pour la culture en pot, respectez donc ces exigences. L’idéal étant d’avoir une véranda non chauffée qu’il est possible d’ouvrir en grand pour l’été. Choisissez un pot d’au moins 50 cm pour le garder en bonne santé. Le matériau n’a pas vraiment d’importance, choisissez en fonction du style de votre déco mais surtout pas de pots à réserve d’eau ! Plus le volume de substrat est important et plus l’inertie sera bonne. Les racines ne doivent pas subir de gros stress hydrique ou calorique dans les meilleures conditions envisageables.

Pour le substrat, utilisez un mélange de terre de jardin, de sable, de pouzzolane et de terreau.

3. L’ENTRETIEN

3.1. L’arrosage

C’est sans doute le point le plus compliqué à gérer puisque les deux excès, sec ou humide, ne lui conviennent pas. Dans le doute, mieux vaut pas assez que trop, car en cas d’excès, si les racines commencent à en subir les conséquences, il est difficile de rattraper le coup. En cas de besoin, le signe de soif est facile à reconnaître puisque les feuilles se ramollissent et ont tendance à se diriger vers le bas. Arrosez alors avec soin sans trop grosses quantité avec de l’eau non calcaire.

3.2. La fertilisation

Elle n’est pas nécessaire en soi, puisque le Dragonnier des Canaries pousse dans des sols naturellement pauvres. Toutefois, en pot, il lui est impossible de chercher des éléments minéraux plus loin que dans son pot. Parfois et pour encourager une croissance en baisse, vous pouvez lui apporter un fertilisant spécial pour plantes exotiques à feuillage. Une à deux fois par an est un bon apport.

3.3. La taille et le dépoussiérage

La taille du Dragonnier, surtout en raison de sa croissance lente, est plus limitée. Vous ne devrez retirer que les éventuelles feuilles qui se fanes du dessous des rosettes. Elles se décollent facilement, évitez donc de les couper, préférez les arracher en douceur jusqu’au stipe.

Le dépoussiérage est en revanche fortement conseillé, surtout si votre Dragonnier est en intérieur toute l’année. En effet, les poussières et polluants s’accumulent sur son feuillage qui n’est jamais lessivé par la pluie. Munissez-vous alors d’un linge humide et nettoyez les feuilles.

Cette action a deux buts principaux :

            – Permettre à la plante d’avoir un feuillage sain pouvant transpirer et faire une photosynthèse normale.

            – Éviter que des parasites ne profite de cette ambiance pour venir s’y loger. C’est souvent le cas des cochenilles. Inutile d’employer toute une armée de produits insecticides, ce nettoyage régulier suffit à les éliminer, si toutefois elle venait à se présenter. En cas d’attaque importante et incontrôlée, choisissez des huiles végétales en traitement curatif suivi d’un nettoyage quelques jours après.

Si vous avez la possibilité de transporter facilement le pot en extérieur, il est aussi recommandé de sortir le Dragonnier lors de grosses pluies. La forte hygrométrie atmosphérique, l’arrosage spontané associé à un nettoyage naturel lui feront le plus grand bien !