PLANTES

LA VERTICILLIOSE

La Verticilliose est une maladie assez peu connue bien que relativement présente au jardin. Sa présence est détestable car elle provoque de nombreux dégâts qui finissent souvent par un dépérissement global de la plante. Furtive et discrète, elle n’est pas toujours facile à repérer. N’ayez craintes, il existe des feintes pour l’appréhender au mieux et surtout faire en sorte qu’elle ne puisse pas contaminer vos plus belles essences.

1. LA MALADIE

1.1. Description et méthode de contamination

La Verticilliose est une maladie cryptogamique. C’est à dire qu’elle est provoquée par un champignon mais pas ceux que nous cueillons l’automne en forêt. Bien plus petit, celui-ci est un parasite qui nécrose les bois et tissus végétaux vivants, là est tout le problème. Il détourne les vaisseaux utilisés dans la circulation de la sève, ce qui est l’une des atteintes les plus préjudiciables pour une plante car elle est attaquée de l’intérieur.

Si nous devions comparer à l’être humain, ceci équivaudrait au détournement de notre sang qui bien sûr poserait de sérieux problèmes pour l’alimentation de nos muscles en nutriments et oxygène.

Revenons au champignon, il est scientifiquement connu sous le nom de Verticillium dahliae. Pour attaquer, ce champignon ne vient pas des airs mais du sol. C’est dans ce milieu qu’il subsiste dans l’attente d’une contamination sous une forme appelée microsclérote, composée de mycélium (organe principal des champignons) Ce mycélium pénètre dans son hôte par le biais de ses racines puis se propage dans tous ses vaisseaux conducteurs de la pointe des feuilles au tronc en passant par les tiges et les fleurs.

Les conditions doivent être tout de même favorables pour que ceci se produise.

De par cette attaque, dans un premier temps invisible, la circulation de la sève ne se fait plus correctement, conduisant la plante à perdre son développement normal puis à dépérir si rien n’est fait.

A savoir : La Verticilliose peut vivre une dizaine d’année dans le sol grâce à des racines de plantes nécrosées encore présentes. Une zone atteinte ne doit donc jamais être replantée d’une même essence !

1.2. Symptômes

Nous l’avons vu, les symptômes d’une attaque de Verticilliose ne sont pas toujours visibles, du moins au début …

Très vite des secteurs distincts se dégagent sur une plante malade, bien souvent sur les zones basses que le champignon a infecté en premier. De petites taches jaunes discrètes se forment entre les nervures des feuilles, rapidement suivies par des nécroses brunes. Ensuite, sur les espèces ligneuses, une zone entière semble sécher et le bois noircir en bandes longitudinales. L’infection se poursuit alors et la plante entière peu se dessécher en seulement quelques jours, alors qu’elle semblait en bonne santé juste avant les premiers signes. Les parties nécrosées sont bien sûr celles concentrant le plus la maladie, c’est le seul avantage de cette contamination pour mettre en place une lutte directe et ciblée.

Si elle ne meurt pas, une plante malade se nanifie.

1.3. Les facteurs de développement

N’apparaissant pas comme par magie dans le sol, la Verticilliose peut être véhiculée par la plantation de plantes malades, une mauvaise gestion des déchets de taille contaminés mais aussi des conditions favorisant sa conservation.

La plantation d’une plante contaminée

C’est la première erreur car vous implantez la maladie dans votre jardin. Privilégiez toujours les plantes saines n’ayant pas subi de tailles. C’est un conseil surtout valable pour les Érables, particulièrement sensibles et malheureusement souvent taillés « à la chaîne ».

La taille

Une mauvaise pratique du jardinier en termes de taille est aussi un facteur de contamination et de développement très important et trop souvent négligé. Une plante malade taillée avec un outil de taille contaminera ce dernier sur la zone coupante. S’il est utilisé sans être nettoyé puis désinfecté, vous propagerez à coup sur la maladie d’une plante à l’autre. Ce nettoyage est indispensable !

Les déchets

Dans la même logique, sachez gérer vos déchets de tailles. Si vous remarquez une quelconque contamination, brûlez systématiquement ces déchets pour détruire la maladie.

Les insectes et ravageurs

Quand l’erreur ne vient pas du jardinier, la Verticilliose peut se propager par les insectes ravageurs. Ils se nourrissent de la sève des plantes en piquant les feuilles et branches. Si l’envie leur vient d’aller migrer sur une plante saine, ils pourront lui transmettre la maladie. Les Pucerons, Nématodes, Mouches des légumes sont autant de collaborateurs potentiels.

Les conditions naturelles

Ce dernier facteur ne dépend pas du jardinier mais permet au champignon de prospérer. Il se développe lorsque les températures du sol avoisinent les 20 °C et surtout que ce dernier est humide. La contamination peut avoir lieu jusqu’à ce que mort s’en suive. Une fois morte, la plante se décompose et le champignon relâche de nouveaux microsclérotes dans le sol jusqu’à la prochaine contamination.

L’excès de fertilisant

La Verticilliose est une maladie qui se développe d’autant plus sur des sujets vigoureux qui poussent vite et en sol riche. De plus, les fertilisants comme les fumiers sont les plus risqués car les animaux l’ayant produit peuvent avoir consommé des végétaux atteints … vous l’aurez compris, la Verticilliose est une véritable plaie !

2. LES PLANTES SENSIBLES

Selon les plantes, les réactions au champignon ne sont pas les mêmes. Certaines sont tout à fait capable de vivre avec puisqu’elles compartimentent l’infection en limitant le développement du champignon à certaines zones. Mais toutes n’en sont pas capables et certaines peuvent rapidement dépérir.

Parmi les espèces les plus sensibles, vous retrouverez :

– Les Artichauts, Fraisiers, Pommes de terre, Tomates, Rhubarbe et certaines cucurbitacées pour les cultures potagères

– Les Pêchers, Oliviers, Amandiers ou Abricotiers du côté des arbres fruitiers

– Les Érables (particulièrement ceux du Japon), Rosiers, Cercis, Cotinus, Dahlias ou Chrysanthèmes chez les plantes ornementales

3. LES MÉTHODES DE LUTTE

Vous l’aurez sans doute compris, la lutte contre la Verticilliose, si elle se déclare, n’est pas gagnée d’avance…

Quasiment tout se joue en préventif, vous devrez donc tout envisager et surtout anticiper un maximum.

3.1. La lutte préventive

Une lutte préventive est une méthode de lutte qui vise à éviter l’installation du champignon. Pour ce faire, agir à l’avance veut aussi dire s’être informé sur son ennemi. Toutes les techniques visant à entraver les nombreux facteurs de développement évoqués précédemment, sont toutes à prendre en compte. Pour résumer :

– Ne pas planter de sujets malades, privilégiez quand ils existent les plants greffés qui sont naturellement plus résistants.

– Coupez, taillez, ébranchez avec un matériel propre, en bon état de fonctionnement et surtout désinfecté.

– Ne fertilisez pas à outrance, faite analyser votre sol pour en connaître les carences et les corriger si besoin. Préférez, sur les cultures sensibles ,des fertilisants organiques en granulés qui seront exempts de toute maladie car déshydratés et contrôlés dans leur procédé de fabrication.

– N’oubliez pas les rotations de cultures, indispensables au potager, que ce soit pour lutter contre la Verticilliose ou contre toutes les autres maladies cryptogamiques.

– En cas de doute, pulvérisez au printemps une solution de décoction de Prêle associé à un purin d’Ortie. Une recette miracle qui agit en foliaire dans le but de renforcer les tissus et les défenses immunitaires naturelles des plantes.

3.2. La lutte curative

Malheureusement, les techniques de lutte curative ne sont pas efficaces à 100 %, elles ne servent qu’à limiter la maladie dans l’espoir que la plante parvienne à s’en débarrasser d’elle-même, chose qui n’est pas impossible dans les faits.

Auparavant, il existait un produit phytopharmaceutique qui démontrait une bonne efficacité sur cette maladie. Il a été retiré de la vente aux particuliers depuis janvier 2019 comme tous les autres produits chimiques destinés au jardin.

Les plantes trop atteintes devront donc être arrachées le plus rapidement possible pour éviter de propager la maladie encore un peu plus çà et là dans le jardin.

Chez les espèces ligneuses comme les arbres et arbustes, coupez les parties nécrosées qui sèchent, dans une partie saine obligatoirement, exempte de nécroses visibles. Recouvrez la plaie d’un baume cicatrisant et pulvérisez la solution de décoction de Prêle et de purin d’Ortie. C’est la meilleure façon de combattre cette maladie récalcitrante.