INSPIRATIONS & ASTUCES

LA MOUSSE DANS LA PELOUSE

pelouse mousse

Quel jardinier ne s’est jamais retrouvé confronté à tenter d’éliminer l’invasion de mousse qui colonise sa pelouse ? Malgré un entretien suivi, des tontes régulières, rien n’y fait, elle revient inlassablement. Nous allons voir les causes de son apparition, les facteurs aggravants mais surtout les techniques pour parvenir à s’en séparer.

1. QU’EST-CE QUE LA MOUSSE ?

Mousse végétale

La mousse, bien que n’ayant de l’aspect d’une plante que la couleur verte, est bel et bien un végétal. La seule différence avec les autres plantes est qu’elle ne dispose pas de racines. Au même titre que les plantes épiphytes, elle s’hydrate avec l’humidité ambiante qu’elle est capable de stocker comme une éponge. Elle apprécie la plupart du temps les milieux humides pour cette raison mais d’autres espèces peuvent aussi pousser en milieux secs et ensoleillés.

Ce sont des plantes pionnières, c’est à dire qu’elles s’installent en premier dans un milieu à nu. Voilà pourquoi des sols désherbés régulièrement, où plus aucune adventice ne germe, se retrouvent tôt ou tard colonisés par des mousses.

Comme elles ne possèdent pas de racines, la richesse du sol leur importe peu, elles redoutent juste ceux alcalins. Elles participent ainsi, lors de leur installation, à la « création » et l’enrichissement d’un sol où les autres plantes herbacées ou ligneuses peuvent ensuite s’implanter.

2. L’INSTALLATION

Plusieurs facteurs entrent en compte pour qu’une mousse puisse naturellement s’installer. Lorsqu’iils sont tous réunis, elle est capable de prospérer librement et sans contraintes sur un sol ou bien une surface lisse minérale comme organique.

Ces facteurs sont les suivants :

– sol pauvre, dur et à nu

– sol acide et pauvre en potasse, magnésium ou calcium

– ombre et ambiance peu aérée

– tonte trop rase

3. DANS LA PELOUSE

Malgré la présence plus ou moins abondante de graminées dans votre gazon, la mousse peut tout de même s’installer puisqu’elle profite de la fraîcheur de ces dernières. Tant que la concurrence reste forte, l’installation de la mousse est peu probable et fermement restreinte. Cependant, dès qu’on lui laisse la possibilité de s’installer, le chemin de son expansion est amorcé.

Si les facteurs sont réunis dans votre jardin, vous devrez être d’autant plus vigilant mais au cas où elle venait à s’installer, de nombreuses solutions existent. Plus ou moins onéreuses et longues à mettre en place, à vous de choisir celle qui vous conviendra.

4. LES SOLUTIONS POUR S’EN DEBARRASSER

Il existe trois grandes catégories de lutte contre la mousse dans le gazon.

            4.1) La lutte chimique

Il s’agit bien souvent de solutions de facilité puisqu’elles permettent de venir à bout de la mousse soit par un traitement soit par une modification des conditions favorables à son développement.

La fertilisation

Avant de vouloir à tout prix vaincre la mousse, pourquoi ne pas s’attaquer à l’éventuelle cause du mauvais développement de votre pelouse. En effet, les tontes répétitives avec ramassage ne font qu’affaiblir chaque semaine un peu plus votre sol s’il n’est pas fertilisé. Un sol équilibré et riche donne une pelouse forte et vigoureuse, ne laissant que peu de place à la mousse.

Optez pour une bonne fertilisation annuelle en fin d’hiver avec un engrais complet (Azote, Phosphore et Potassium ; N, P et K). Choisissez des matières organiques en épandage et en granulés de manière à ce qu’ils se dégradent dans le sol quelques semaines avant la reprise des tontes.

L’amendement

Proche de la fertilisation, l’amendement vise surtout à apporter des minéraux complémentaires, pas nécessairement présent dans les engrais classiques. A ce titre, nous avons vu qu’un sol acide favorise le développement de la mousse contrairement à un sol alcalin qui lui porte préjudice. Afin de contrebalancer ce pH, un apport annuel, en fin d’automne cette fois-ci peut être une bonne solution. Le Calcium ou le Magnésium, peu importe leur forme, sont conseillés. Cet apport se présentera sous la forme de chaux, de lithotamne ou de magnésie, complété de fer, en épandage à la volée.

Renseignez-vous toutefois avant de corriger le pH de votre sol. Veillez simplement à le contrôler pour vérifier son acidité. Au cas où il serait inférieur à 7, n’épandez pas de la chaux sans réfléchir, vous risqueriez de faire l’effet inverse ! C’est à dire certes éliminer les éventuelles traces de mousses mais aussi d’affaiblir le gazon qui pousse de façon optimale dans un sol neutre.

Le sulfate de fer

sulfate de fer

Bien connue de nos anciens jardiniers, cette solution liquide et chimique était largement utilisée pour son efficacité radicale. Ce cocktail détruit effectivement la mousse en un temps record mais sur le long terme elle rend le terrain encore plus propice à son installation, ce qui est une véritable hérésie…

En effet, le sulfate de fer acidifie le sol un peu plus à chaque utilisation et un sol acide est idéal pour la mousse. L’effet de ce traitement est donc rapide mais très peu durable, mieux vaut donc le laisser de côté.

Attention : Lisez bien la composition des engrais que vous achetez surtout ceux présentant un packaging qui vantent les vertus anti-mousse. Ils sont bien souvent à base de ce sulfate de fer. Préférez un mélange d’engrais et d’amendement non prévus à cet effet mais qui sera nettement plus sain et durable dans son action.

            4.2) La lutte mécanique

La lutte mécanique est sans l’ombre d’un doute celle qui offre un travail pas forcement le plus rapide mais le plus efficace. Elle permet purement et simplement d’éliminer la mousse et de l’évacuer afin de stopper directement sa progression. Elle intervient toujours en complément des luttes chimiques et minérales évoquées précédemment. Vous devez toujours garder pour but d’avoir un gazon et un sol en meilleure santé possible pour justement empêcher la mousse de s’installer.

La scarification

C’est la technique qui revient le plus du fait qu’elle permet de traiter votre pelouse mécaniquement en arrachant la mousse mais en préservant le gazon. Plusieurs outils s’offrent à vous pour scarifier une pelouse :

            – Le scarificateur électrique : Cette machine, proche de la tondeuse ne possède pas de lames mais une multitude de griffes qui viennent griffer le sol perpendiculairement et à grande vitesse. Ainsi, la mousse est arrachée et le gazon simplement peigné, ce qui ne l’endommage en aucun cas.

            – Le râteau scarificateur manuel : Son effet est le même que pour le scarificateur électrique sauf que ses griffes sont fixes et son utilisation demande beaucoup d’huile de coude. Il doit plutôt être réservé pour de petites surfaces. Son coût est toutefois bien plus faible.

La scarification est une technique qui doit être utilisée en sortie d’hiver juste après la première tonte. La mousse installée durant l’hiver sera donc facilement arrachée et la première tonte aura aussi rendue son expulsion plus simple.

Astuce : La recette « miracle » du traitement de la mousse se passe en 6 temps :

            – Dès le mois de mars, faites votre première tonte s’il ne gèle pas, de manière à raccourcir la pelouse.

            – Utilisez un produit à base d’azote, d’oxyde de potassium et de fer puis laissez-le agir une semaine.

            – Scarifiez l’intégralité de la pelouse au scarificateur et évacuez la mousse morte.

            – Épandez un fertilisant organique à la volée.

            – Complétez cet apport par un épandage de terreau fin pour regarnir les éventuels trous et redonner force et vigueur à votre pelouse.

            – Si besoin, ressemez un gazon de regarnissage dans les zones les plus dénudées.

La tonte en mulching

Peu citée comme un moyen de lutte contre la mousse, le mulching est pourtant directement lié à la bonne santé du sol et de ce fait du gazon. Il n’y a pas d’exportation de matière organique, elle est broyée finement et redéposée sur le sol. Sa décomposition est naturelle et les matières organiques enrichissent le sol à nouveau tout en gardant une certaine fraîcheur sur la première couche du sol comme le ferait un paillage dans un massif.

         4.3) La lutte liée à l’environnement

Comme évoqué au début, l’installation de la mousse répond directement à certains facteurs qui induisent son développement. Dans certains cas, le simple fait de changer un facteur directement lié à l’environnement dans lequel pousse la pelouse peut suffire à enrayer le développement de cette mousse. Le comportement parfois non adapté du jardinier est aussi lié.

Couper plus haut

En règle générale, la hauteur de coupe est d’environ 5 cm au printemps et en été. L’hiver, avec une humidité plus importante, les risques augmentent, passez donc à une coupe automnale relevée à 7 ou 8 cm. La tonte en hiver doit ensuite être stoppée pour permettre au gazon de se régénérer correctement. En évitant de couper trop raz et de manière espacée entre 2 tontes, vous réduirez considérablement les chances de voir la mousse apparaître.

L’aération du gazon

Cette technique, bien qu’efficace, n’est que très peu utilisée par les jardiniers.  Elle peut sembler fastidieuse et peu utile mais a pourtant fait ses preuves surtout si votre sol est lourd et argileux.

On le fait à l’aide d’un aérateur, c’est un outil de forme cylindrique composé d’une multitude de piques qui, en roulant, s’enfoncent dans le sol et laissent pénétrer l’air. Ce dernier devient donc plus perméable et l’apport d’air permet aux racines des graminées d’éviter toute asphyxie racinaire.

Après le passage de l’aérateur, épandez un peu de sable de rivière qui viendra boucher les trous tout en allégeant le sol. Cette opération se fait elle aussi au printemps.

Apporter de la lumière

L’ombre est sans doute l’un des facteurs les plus problématiques pour l’installation de la mousse car elle provoque aussi une plus forte humidité. De plus, les graminées qui composent le gazon sont des plantes de soleil, toutes les conditions sont alors réunies pour que les choses se compliquent.

En ombre légère, une tonte plus haute suffit souvent à réguler le problème.

En ombre plus dense causée par des arbres ou arbustes, des tailles en transparence permettent d’ajouter de la lumière au sol. Ce nettoyage peut s’avérer utile avec des tailles ou élagages adaptés si vous souhaitez absolument conserver votre pelouse de graminées.

Optez pour une technique alternative

Lorsque l’ombre et l’humidité deviennent trop problématiques sans possibilité d’apporter de la lumière, mieux vaut choisir une plantation radicalement différente. Surtout adaptée pour de petites surfaces, la plantation de plantes vivaces couvre-sol qui résistent au piétinement peut sembler intéressante. A ce titre, vous pourrez choisir les célèbres Pervenches, Lysimaques rampantes ou autre Muehlenbeckia. D’autres, résistent moins au piétinement mais peuvent prendre l’aspect d’une petite pelouse verte comme l’Helxine, le Pachysandre ou encore la Menthe Corse.

Au-delà du végétal, pour plus de simplicité et surtout aucun entretien, vous pourrez tout simplement recouvrir la surface de paillis organique ou minéral. Cette solution est vraiment en dernier recours puisqu’elle s’éloigne totalement du rendu qu’a une pelouse.