PLANTES

LA BOUILLIE BORDELAISE

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Bien connue par la plupart des jardiniers pratiquant les cultures potagères, cette poudre bleue est un très bon produit de bio-contrôle efficace et tout à fait utilisable en agriculture biologique. Certains l’utilisent à l’excès contre tout et n’importe quoi, mais son rôle est essentiellement fongiques et algicides.

Tout commença à la fin du 19ème siècle lorsque le mildiou (maladie cryptogamique redoutable sur de nombreuses cultures) s’installa en France sur quelques parcelles de vignes. Dès son installation, les scientifiques commencèrent à essayer de chercher une solution à ce problème.

C’est un peu par hasard que le remède tant demandé fût trouvé par un professeur en botanique. Ce dernier s’étonna au cours d’une promenade de la santé irréprochable des certains pieds de vignes le long d’une route du Médoc connues pour ses vins Bordeaux. Il n’hésita pas alors à s’entretenir avec le régisseur du domaine de l’époque sur cette interrogation.

Ce dernier lui expliqua qu’ils épandaient dans cette région une solution de sulfate de cuivre associé à de la chaux de manière à dissuader les voleurs de raisins de s’attaquer à leurs cultures. Sans le savoir, ils inventèrent une solution très efficace contre le mildiou mais aussi beaucoup d’autres maladies cryptogamiques (maladies causées pas un champignon).

C’est ainsi que naquit la recette miracle au nom si populaire de nos jours : la bouillie bordelaise.

1. LES CARACTERISTIQUES

1.1. La composition

La bouillie bordelaise est une solution de sulfate de cuivre (dont 20% de cuivre) associée à de la chaux. Dans la grandes majorité des cas, elle se présentera ensachée et sous forme d’une poudre bleue dûe à la couleur du cuivre.

Pour être efficace, un produit phytopharmaceutique doit pouvoir s’accrocher en se déshydratant lentement une fois sur la feuille pour que les matières actives puissent y pénétrer. Pour cela, on ajoute ce que l’on appelle un surfactant ou agent de surface actif, qui est le plus souvent dans le cas de la bouillie bordelaise du savon noir.

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Une autre solution très proche de la bouillie bordelaise et qui s’avère être elle aussi un excellent fongicide est le soufre. Sa couleur est plutôt rouilleuse, mais l’un comme l’autre sont d’origine minérale et non synthétisée, c’est pourquoi elles sont tout à fait utilisables en agriculture biologique.

2.2. Bio donc non toxique ?

Il faut bien faire la différence entre un produit utilisable en agriculture biologique et un produit inoffensif pour la faune et la flore. En effet, la bouillie bordelaise et plus précisément le sulfate de cuivre, sont des substances toxiques surtout par inhalation ou au contact des yeux et de la peau. Les faibles doses pulvérisées lors de la dilution réduit considérablement son impact pour le sol. Cependant, vous ne devrez pas oublier que le cuivre ne se dégrade pas dans le sol hormis dans ceux acides, c’est pourquoi vous ne devrez pas l’utiliser en excès surtout au potager !

2.3. Dosage

Peu importe le produit que vous utiliserez au jardin, il y a une règle d’or incontournable, c’est de respecter obligatoirement le dosage inscrit sur l’emballage. Selon les cultures et le champignon que vous souhaiterez traiter, le dosage oscillera de 10 à 20 grammes de produit par litre d’eau.

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2.4. Fonctionnement

La bouillie bordelaise est efficace grâce à ses ions cuivre (élément chimique chargé positivement). Ces derniers s’accumulent sur le feuillage après la pulvérisation de façon à empêcher la germination des spores de champignons. Plus précisément, les ions cuivre détruisent des enzymes (la plupart du temps des protéines influant sur la croissance et le développement) dans les spores de champignons de façon à éliminer le risque de germination.

Pour mieux comprendre ce phénomène, les champignons qui affectent les plantes ne sont pas tous de la forme des champignons de nos forêts, ils sont à l’inverse microscopiques et d’une allure bien différente. En revanche, ils se reproduisent tous de la même façon, grâce à des spores. Ils volent, puis se fixent sur des feuilles pour germer à l’intérieur des tissus végétatifs et contaminer leur plante hôte.

C’est pour cela qu’il faudra toujours traiter de manière préventive car une fois que le champignon pénètre dans la feuille, il est déjà trop tard ! En cas de traitement postérieur, le développement du champignon sera simplement limité mais il ne sera pas stoppé.

3. USAGE AU JARDIN

3.1. Sur quoi l’utiliser ?

La bouillie bordelaise s’utilise donc sur un très grand nombre de champignons qui pourraient se développer sur différentes plantes. Pour d’autres utilisations, elle est aussi un très bon désinfectant pour les plantes bien entendu. Il est donc possible de l’appliquer diluée sur des plaies de tailles qu’elles soient récentes ou plus anciennes. Le but est d’éviter que certains champignons pénètrent par ces plaies menant directement vers le cœur du bois.

Pour en revenir aux maladies, les plus connues pouvant être traitées à l’aide de la bouillie bordelaise sont :

– Le Mildiou sur les pommes de terre, la vigne ou encore les tomates,

– Le Chancre bactérien sur les pommiers ou poiriers,

– La Moniliose sur les arbres fruitiers,

– La Tavelure à nouveau sur les pommiers ou les poiriers,

– La Criblure assez courante sur les prunus,

– Les Cloques comme celle du pêcher,

– L’Entomosporiose sur les photinias,

– La Gommose sur les arbres fruitiers à noyaux,

– et bien d’autres…

3.2. Comment l’utiliser ?

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Avant tout, vous devrez savoir préparer correctement votre bouillie car dans le cas contraire, les préparations en poudre à diluer peuvent boucher les buses de votre pulvérisateur.

– Commencez par verser un peu d’eau au fond de votre pulvérisateur,

– Calculez le dosage exact de poudre puis verser le dans l’eau,

– Complétez avec le volume d’eau nécessaire (en général 5 litres au total),

– Agitez fortement le mélange une fois le pulvérisateur fermé,

– Laissez reposer quelques minutes puis agitez une seconde fois avant de pulvériser

L’utilisation et la fréquence des pulvérisations seront ensuite variables d’une culture à l’autre, c’est pourquoi on distinguera trois types de plantes :

– Les arbres et arbustes :

Il n’est pas nécessaire de traiter en permanence tous les arbres ou arbuste potentiellement attaqués par ces champignons. La meilleure façon d’obtenir de bons résultats sans asperger son jardin chaque année est de laisser la nature faire son œuvre et au cas où une maladie serait repérée, répliquer dès l’automne suivant.

Pour cela, faites un traitement juste après la chute des feuilles sur l’ensemble de la ramure et ramassez le maximum de feuilles qui auraient pu être contaminées pour les brûler. Renouvelez cette opération en tout début de printemps après la taille et dès le bourgeonnement, puis 2 à 3 fois à 15 jours d’intervalle en cas de printemps pluvieux qui favoriserait une implantation du champignon malgré la prévention.

– Les cultures potagères :

Au potager, la règle est quelque peu différente puisqu’il ne s’agit plus d’arbustes, mais la plupart du temps de plantes annuelles ou bisannuelles. Les cultures les plus sensibles sont les pommes de terre et les tomates avec le mildiou surtout lors d’une humidité importante.

Prévoyez donc systématiquement un traitement en prévention tous les 15 jours ou bien après 20 mm de pluie car c’est avec cette quantité d’eau que le produit se trouve lessivé, donc neutralisé. Au Nord de la Loire, ces traitements sont indispensables car cette maladie peut facilement réduire votre récolte à néant ou entraver fortement sa conservation.

Le dernier traitement se fera minimum 5 jours avant la récolte sur toutes les cultures, sauf la vigne, où vous devrez patienter 21 jours à partir du dernier traitement pour pouvoir récolter et consommer.

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– Les plantes hyper-sensibles :

Parmi les plantes les plus sensibles, c’est bien entendu la vigne qui décroche la palme d’or avec le mildiou. Le rosier est lui aussi particulièrement attaqué par tout un tas de maladies qui pourront être contrôlées à l’aide de souffre. Si vous n’avez que de la bouille bordelaise, l’efficacité sera tout de même au rendez-vous mais la coloration bleue sur les fleurs ne sera pas des plus intéressantes.

Comme dans le cas des arbres et arbustes, si votre vigne se trouve attaquée une première année, répliquez systématiquement l’année suivante par un traitement tous les 15 jours du printemps à l’automne pour espérer récolter des fruits et écarter tous les champignons pouvant la contaminer. Patientez ensuite au moins 21 jours pour récolter le raisin après le dernier traitement.

Les rosiers quant à eux seront traités comme les arbres et arbustes en fin d’automne et au début du printemps puis si nécessaire en cours de saison après de fortes pluies associées à des conditions chaudes et humides.

Attention : Dans tous les cas, prenez toujours soin de recouvrir l’ensemble des feuilles et des branches car la bouillie bordelaise n’agit que par contact !

3.3. Le cuivre de l’hydroxyde de cuivre

Parfois, vous pourrez trouver en magasin des produits proches de la bouillie bordelaise composés de cuivre de l’hydroxyde de cuivre. Son action est ni plus ni moins la même mais elle présente l’avantage d’être moins rapidement lessivée que la bouillie, ce qui lui donne donc une durée d’action plus longue malgré la pluie. De plus, elle se trouve sous forme liquide à diluer dans l’eau, réduisant ainsi les risques de bouchage des buses du pulvérisateur plus important avec les solutions solides.