PLANTES

LES JEUNES FEUILLAGES DU PRINTEMPS

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Les végétaux à feuillage persistant sont trop souvent utilisés par manque de connaissances des autres types de feuillage et aussi pour leur facilité d’entretien. Les feuillages de saison, tels que le feuillage panaché du cornus alba ‘elegantissima’, le feuillage pourpre du cotinus coggygria ‘royal purple’ ou encore le feuillage de feu de la spiraea japonica ‘goldflame’ sont également très utilisés pour leurs couleurs flamboyantes en été, de même que les feuillages écarlates, orangés ou dorés d’automne, notamment chez les érables, les berbéris, ou encore les ginkgo biloba

Les jeunes feuillages de printemps, tout aussi intéressants et surprenants, sont bien moins répandus car peu connus.

De nombreuses plantes arborent en effet des feuillages plus colorés les uns que les autres et plus « tape à l’œil ». Un bon moyen pour redonner vie au jardin après une période de repos, ainsi qu’à tous les macroorganismes comme les plantes et les animaux.

Il faut savoir que les feuillages persistants voient aussi leurs feuilles évoluer au printemps. L’idée d’un feuillage éternel est fausse puisque toutes les plantes renouvellent leurs feuilles au printemps, que ce soient des plantes caduques ou semi-persistantes. Ceci est aussi valable pour une grande partie des plantes au feuillage persistant même si certaines espèces peuvent présenter des feuillages âgés de plusieurs années.

Voici un échantillonnage de végétaux, qui ne manquent pas d’intérêts, grâce à leur feuillage flamboyant et surprenant au printemps, ne laissant pas présager leur future apparence.

1. LES PLANTES HERBACÉES VIVACES

Asplenium-scolopendrium

Dans le monde des herbacées vivaces (plus communément appelées « vivaces »), les fougères sont très surprenantes au printemps. Il faut cependant savoir qu’elles sont moins évoluées que les autres plantes en ce qui concerne leur reproduction.

En effet, les nouvelles frondes se déroulent depuis la base, de manière à aller chercher la lumière le plus haut possible. La très grande majorité des fougères poussent ainsi, comme la langue de cerf (asplenium scolopendrium, ci-dessus). Mais l’intérêt printanier des fougères ne s’arrêtent pas là. Certaines persistantes arborent de jeunes frondes totalement différentes des plus anciennes. Elles peuvent être rouge orangé : un attrait qui ne manquera pas d’égayer une zone d’ombre au jardin sans laisser présager que le feuillage reprendra une couleur verte par la suite. Les dryopteris sont de parfaits exemples comme les dryopteris erythrosora ou encore les dryopteris lepidopoda (ci-dessous).

Dryopteris-lepidopoda

Les herbacées les plus surprenantes présentant un jeune feuillage esthétique restent les semi-persistantes comme l’heuchera ‘caramel’ qui au fil de l’année voit son feuillage se ternir mais retrouve dès mars de belles poussent rose orangé pour le plus grand plaisir des jardiniers. Nous pouvons aussi citer les hellébores, qui, en cours de saison paraissent pourtant avoir un feuillage banal. Après la floraison, alors qu’elles commencent à s’égrainer, le jeune feuillage surgit de la masse verte qui commence à faner, en arborant un vert tendre très lumineux. Parfait pour marquer un nouveau cycle chez cette plante qui a souvent le don de nous surprendre par sa floraison changeante.

2. LES ARBUSTES

Les arbustes, surtout les caducs, peuvent aussi nous surprendre au printemps. La Spiraea japonica ‘hubert gold’ (ci-dessous) est très intéressante pour son feuillage toujours coloré. Cependant, c’est vraiment au printemps que les couleurs « explosent » dès que les feuilles commencent à bien s’épanouir. Les jeunes pousses sont d’un beau rouge légèrement orangé. Cet arbuste à la floraison estivale ne manquera pas de vivifier vos massifs et vos haies libres. Il peut mesurer jusqu’à 1.5 m en tous sens et demande un sol frais au soleil ou à la mi-ombre. Vous pouvez planter aussi les variétés  ‘goldflame’ ou ‘little princess’ avec des feuillages similaires, mais des développements limités.

Spiraea-japonica-'Hubert-Gold'

En matière de feuillages plutôt dorés, la spiraea betulifolia ‘Tor Gold’ vous satisfera amplement. L’hydrangea quercifolia ‘little honey’ (ci-dessous) est particulièrement vif au printemps, et si vous l’installez à un endroit ni trop ensoleillé, ni trop à l’ombre, sa couleur jaune or restera jusqu’à l’automne. Il n’excède pas 1 m de haut pour 2 m de large. Sa floraison estivale qui se pare de carmin en fanant est elle aussi un atout non négligeable pour cette plante résistante à notre climat à condition d’avoir un sol drainé et frais.

Hydrangea-quercifolia-'Little-Honey'

Il existe malgré tout des arbustes persistants avec de jeunes pousses très colorées. Le photinia x fraseri ‘red robin’, le plus connu, prend cependant beaucoup de place dans notre paysage, de plus il est sujet à de nombreuses maladies.

Les pieris japonica sont eux aussi des vedettes du feuillage surprenant au printemps. Au moment de leur floraison en clochettes blanches ou roses, caractéristique des Ericacées, le nouveau feuillage apparaît avec des teintes qui tranchent très nettement avec l’ancien. Adoptez le moins connu ‘mountain fire’, plus petit que le classique ‘forest flame’, qui prend des couleurs d’un rouge très soutenu comme le photinia. Il va vous demander une exposition mi ombragée, abritée des vents froids (Nord et Est), un sol frais, mais bien drainé avec un léger apport de terre de bruyères. Il pourra mesurer jusqu’à 2 m en tous sens.

Pieris-japonica-'Mountain-Fire'

Les nouvelles pousses des nandina domestica sont aussi particulièrement colorées. Il s’agit d’un arbuste tout à fait élégant, sacré en Asie, présent à l’entrée de tous les temples bouddhistes, d’où son nom « Bambou sacré ». Mais attention, il ne se comporte pas comme un bambou, il s’élargit de la base comme les fargesia. Il n’est en aucun cas envahissant. Il se plaira dans toutes les expositions bien lumineuses, abrité des vents froids comme tous les persistants et sa taille oscillera entre 3 m de haut et 2 m de large pour l’espèce type, et 50 cm en tous sens pour nandina domestica ‘flirt’ (photo) par exemple. Il offre une belle floraison blanche durant l’été suivie de baies rouge vif, coriaces qui peuvent rester plusieurs années accrochées. Il s’agit d’un arbuste qui ne vous demandera qu’un peu d’attention. Idéal en fond de massifs. Il se plaira dans un sol drainé, frais et légèrement acide.

Nandina-domestica-'Flirt'

3. LES ARBRES FEUILLUS 

Les arbres réservent aussi leur lot de surprise à la reprise de la végétation. Ces symboles de vie, de plus en plus délaissés, vous éblouiront si vous les observer régulièrement.

Bois de moutierLe genre Quercus (les chênes) est sans doute l’un des genres les plus fascinants qui soit. La diversité est telle, qu’il est impossible de tous les voir dans une vie. Quercus rubra ‘aurea’ est l’un des plus lumineux au printemps. Il reprend son feuillage avec un jaune or magnifique. Il est difficile à trouver, mais pas pour autant difficile à entretenir. Il culmine à 15 m et offre un feuillage qui évolue vers un ton orangé sublime en automne. Il n’apprécie pas le soleil trop fort en été. Mis à part ce détail, il s’adapte à de nombreux sols et situations. (photos prises au Bois de Moutiers).

 

Les chênes persistants sont eux aussi surprenants. Comme pour le Pieris, certaines espèces possèdent de jeunes pousses étonnamment colorées. Le cas de Quercus phillyreoides par exemple nous offre au printemps des pousses cuivrées, luisantes avec un jeune bois duveteux et rose. C’est un chêne originaire de la Chine, du Japon et de la Corée. Il est résistant à la pollution ainsi qu’au froid. Il peut se comporter comme un petit arbre de 5 m s’il est abrité des vents froids. Un chêne méconnu, mais qui mériterait d’être plus souvent utilisé en haie, comme c’est le cas au Japon.

Mis à part les chênes, d’autres arbres sont tout à fait intéressants utilisés en « plante d’ornement ». Le robinia pseudoacacia ‘frisia’, bien qu’épineux, est un arbre d’une bonne dizaine de mètres de haut pour 8 m de large, au feuillage vert tendre en toute saison. Il ne manquera pas d’éclairer un fond de jardin, ou même de créer un contraste avec des feuillages pourpres. Drainez bien le sol, abritez-le des vents forts et mettez-le au soleil afin qu’il s’épanouisse.

Bois de Moutier_2Vous pouvez l’associer au feuillage pourpre du fagus sylvatica ‘purpurea’, le hêtre pourpre qui a un feuillage cuivré au printemps qui va se foncer au fil des semaines. Résistant au froid, il apprécie moins les situations trop chaudes. Laissez-lui de la place, (30m x 20m) afin qu’il puisse respirer et évoluer correctement. L’acer platanoides ‘crimson king’ peut aussi être utilisé. Son feuillage pentalobé qui plaît tant est d’un pourpre très soutenu tout au long de la saison. Tout comme le hêtre, laissez-le s’exprimer pleinement (25m x 15m) ou optez pour ‘crimson sentry’(à droite), une forme plus étroite au feuillage également pourpre qui vous laissera plus de place en envergure (20m x 7m).

En conclusion, les plantes ne sont pas toujours choisies pour leur jeune feuillage de printemps. Ce qui est dommage, car c’est à ce moment que votre jardin se réveille et que vous pouvez observer l’évolution de vos végétaux. Les plantes sont intéressantes à chaque moment de l’année pour peu que l’on prenne le temps de les observer.