INSPIRATIONS & ASTUCES

LE PAILLAGE, POURQUOI ET COMMENT

La terre à nue est un état anormal qui peut engendrer divers problèmes comme l’érosion ou le ruissellement des eaux. Afin de pallier à cela, le jardinier peut avoir recourt au paillage. Il s’agit d’une technique qui consiste à recouvrir le sol avec des matières organiques (broyages de branche, paillettes de lin, etc..), des matières minérales (ardoises pillées, gravillons, etc. …) ou synthétiques (toiles de sol, bâches, etc…) afin de protéger le sol et de l’enrichir.

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1. POURQUOI PAILLER ?

Le paillage, mot essentiel au jardin, a été très souvent oublié à cause de cette obsession du « jardin propre », et des produits phytosanitaires synonymes de facilité.

Nous allons voir quelles sont les innombrables avantages de cette technique.

AVANTAGES

EXPLICATIONS

Proscrire le désherbage au jardin

Le paillage forme une couche de protection du sol qui empêche les graines des mauvaises herbes (adventices) de pouvoir germer et de prospérer. La lumière n’atteint plus la terre, et sans lumière une graine est vouée à mourir aussitôt sa germination.

Limiter l’érosion

L’érosion a de nombreuses conséquences comme le ruissellement et la dégradation des sols. Avec le paillage comme protection, le sol est beaucoup moins attaqué par le vent ou la pluie. Cette pluie qui peut former une croûte de terre tassée en surface après un orage et qui rend le sol imperméable par la suite s’il n’y a pas de paillage.

Moins de travail pour le jardinier

Même si étaler le paillage au départ nécessite du temps à y consacrer, vous serez largement gagnant sur le long terme. En effet, plus besoin de biner et sarcler, la vie du sol s’en chargera.

Réduire les arrosages

La protection et l’isolation qu’assure le paillage réduit l’évaporation de l’eau du sol surtout lors des chaudes journées d’été. L’humidité est maintenue par le paillage.Un sol nu devra être arrosé 3 fois plus qu’un sol paillé pour avoir le même résultat au niveau de vos plantations.

Améliorer les conditions de vie de vos végétaux

Avec un paillage organique qui se décomposera, le sol va s’enrichir progressivement et les apports de fertilisant seront plus limités. Les microorganismes et les animaux vivants dans le sol auront une efficacité d’autant plus grande. De plus, les attaques de l’extérieur au niveau des racines (humidité/sécheresse, chaud/froid, etc….) se trouvent réduites, les plantes subissent moins de stress et leur santé s’en trouve améliorée.

Conserver les fruits et légumes du potager propre

N’oublions pas le potager, un paillage autour de vos plantations permettra de cueillir des fruits et des légumes propres sans éclaboussures de terre.

Offrir une touche de décoration à votre jardin

La décoration, n’est plus que dans la maison, elle s’invite au jardin. De plus en plus de paillages sont utilisés pour des raisons esthétiques, notamment les paillages minéraux très appréciés des jardins contemporains épurés, formés et stylisés.

2. LES DIFFERENTES FORMES DE PAILLAGE

Le choix est très vaste. On peut le choisir pour son côté écologique, pratique ou encore esthétique.

2.1. Les paillis organiques

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Ce sont généralement les plus utilisés car leurs avantages sont nombreux. En effet, ils enrichissent le sol sur le long terme et leur coût est plus faible que les paillages minéraux.

Tous les paillis organiques sont composés d’éléments provenant de végétaux.

Peu importe le paillage choisi, il se dégradera et il faudra le renouveler plus ou moins souvent. Par exemple, un paillis de tonte de gazon doit être renouvelé après seulement quelques semaines alors qu’un broyage de branches (appelé aussi mulch) peut se conserver jusqu’à 2 ans.

Choisissez bien le paillis qui vous donnera le plus de satisfaction en fonction de sa durée de dégradation :

– Les paillis à dégradation rapide :
On place dans cette catégorie, les tontes de gazon, les feuilles mortes, le compost domestique issu du recyclage de vos déchets. Ces paillis peuvent être utilisés dans tout le jardin mais comme ils se dégradent vite, il est préférable de les utiliser
principalement pour les plantes ayant elles aussi une faible durée de vie, comme par exemple, au potager au pied des légumes, ou bien dans les massifs de fleurs annuelles.

– Les paillis à dégradation lente :
On y trouve principalement les broyages de branches. Ils ont une action beaucoup plus longue, ce qui les rend plus efficace pour les massifs d’arbustes, de vivaces

ou bien pour couvrir une surface nue durant plusieurs années.

Dans cette catégorie, il existe un choix énorme avec des paillis de plus en plus originaux, intéressants et esthétiques. Leur durée de vie n’excède généralement pas 1an. Vous trouverez notamment les coques de sarrasin, les paillis de chanvre, de lin, les fibres de coco, etc…

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Attention, certains paillis sont à proscrire au jardin. Entre autres, les aiguilles de pins, les tailles de thuyas ou autre conifères. Ce sont des paillages de très mauvaise qualité qui se dégradent assez mal et acidifient le sol le rendant néfaste pour la plupart des plantes.
De même pour les écorces de pin qui sont malheureusement très démocratisées. On peut tout de même s’en servir pour des massifs de terre de bruyère (acide) mais elles devront être évitées dans la plupart des cas.

Pour le potager, épandre un paillage pour l’hiver est utile mais peut sembler fastidieux. C’est pourquoi, on pensera plutôt à semer un engrais vert qui aura le même effet que le paillage organique. Les engrais verts sont des plantes comme la moutarde ou le trèfle qui couvriront le sol en hiver et seront broyés au printemps avant leur floraison, puis enterrés.

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2.2. Les paillis mineraux

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Le choix de ce paillage sera utile pour pailler pour une durée beaucoup plus longue. En effet, les paillis minéraux ne sont pas biodégradables puisque ce sont des minéraux d’un calibre plus ou moins grand. De la même façon, ils sont appréciés pour les massifs de plantes qui aiment la chaleur car ce type de paillage peut emmagasiner le rayonnement solaire et le restituer ensuite au niveau du sol.

Au-delà de ces avantages, on utilise les paillis minéraux pour donner un côté esthétique et contemporain aux massifs. Ils peuvent également être utilisés pour les allées des jardins. Le paillage devient un réel élément de décoration.

Pour les plus courants, on peut citer :

  • La pouzzolane qui est le paillis minéral incontournable. C’est une roche volcanique de couleur rougeâtre qui se révèle être un bon isolant thermique pour le sol.
  • Les ardoises pillées qui sont aussi très utilisées pour leurs couleurs grises noires et leur aspect très contemporain.
  • Les billes d’argile pour leur couleur plus naturelle et leur forme ronde.
  • Les graviers et gravillons, de toute forme, taille et couleur, esthétiques et assez peu onéreux..
  • Le schiste expansé, etc…

2.3. Les paillis synthétiques et textiles

Dans cette dernière catégorie, les plus utilisés sont les toiles de sols tissées. On trouve également les toiles textiles ou en jute qui sont biodégradables et facile à installer. C’est un moyen rapide, économique de pailler de grandes surfaces. Ces paillis sont bien adaptées aux talus ou aux surfaces en pente qui sont difficiles à pailler avec les paillis organiques ou minéraux. Cependant, ils restent assez inesthétiques. Ils sont très efficaces en complément de paillis organiques ou minéraux sur les surfaces planes.

Pour les installer, ils doivent être étalés au sol puis maintenus grâce à des agrafes prévues à cet effet. Celles-ci seront plantées tous les 2 mètres environ sur le pourtour de la toile afin que le vent ne puisse s’engouffrer dessous. Les bords de la toile peuvent également être enterrés dans une petite tranchée pour venir compléter le rôle de maintien des agrafes.

Cette catégorie de paillage est le plus souvent utilisée pour des surfaces à planter. Il est plus difficile d’utiliser ces toiles sur des surfaces déjà plantées.

Attention, même si elles étaient énormément utilisées il y a encore une dizaine d’année, les bâches en plastique noir sont fortement à proscrire. Contrairement aux toiles tissées et textiles, elles sont imperméables. Elles ne laissent donc passer ni l’eau ni l’air, ce qui est très mauvais pour le sol et les végétaux.

2.4. A ne pas faire

 3. COMMENT

Tout d’abord, posez-vous les bonnes questions :

  • Quelle surface ai-je à couvrir ?
  • Quelle durée de protection je souhaite avoir ?
  • Quel budget ai-je à y consacrer ?
  • Quel esthétisme pour mon massif ?
  • Quels sont les plantes concernées (plantes de terre de bruyères) ?

Peu importe le paillage choisi, vous devrez suivre

le cheminement suivant :

  • Tout d’abord, désherber parfaitement votre massif car le paillage ne désherbera pas à votre place. Il empêchera juste la pousse des adventices une fois installées.
  • Binez et sarclez votre sol afin de l’aérer une dernière fois .
  • Epandez votre paillage sur toute la surface en pensant à mettre une couche d’au moins 5 à 7 cm pour que l’efficacité soit optimale. Pour un paillage minéral, vous pouvez installer une toile de sol avant de l’étaler afin d’éviter qu’il ne s’enfonce dans le sol après plusieurs années. Toutefois, attention de ne pas noyer les plantes dans le paillage, pensez à bien dégager leur base pour ne pas enterrer le collet (partie d’une plante qui se situe entre les racines et la tige et qui doit affleurer le sol).
  • N’oubliez pas d’ajouter régulièrement quelques petits centimètres de paillage « neuf » si vous avez choisi un paillage organique, pour que le paillage de vos massifs garde toujours son aspect initial.

LES ERREURS A NE SURTOUT PAS FAIRE !

  • Ne jamais pailler sur un sol gelé car il mettra beaucoup plus longtemps à se réchauffer.
  • Ne pas pailler par vent fort.
  • Si vous optez pour les paillis très fins comme la paillette de lin, pensez à arroser l’ensemble de la surface quand vous avez terminé. Cet arrosage permettra de le « fixer » et évitera que le paillage ne s’envole.
  • Ne jamais mettre de gazon fraîchement coupé directement dans vos massifs et sur une couche supérieur à 5 cm, il risquerait de fermenter, et d’être néfaste pour vos plantations. Faites le sécher trois jours au soleil avant de l’épandre.
  • Oubliez les paillis organiques pour les plantes qui aiment les sols secs et pauvres.