Reptiles

LE CORRELOPHUS CILIATUS

CORRELOPHUS CILIATUS

Pour les afficionados de terrariophilie ce lézard s’appelait, avant 2012, rhacodactylus ciliatus. Le 1er juillet 2012, Zootaxa publiait officiellement son changement de nom avec également Rhacodactylus Sarasinorum, pour des raisons de génétique, créant le genre Correlophus.

1. SES CARACTÉRISTIQUES

Aujourd’hui, appartiennent au genre Rhacodactylus les espèces suivantes: Auriculatus et les deux sous espèces, Trachyrhynchus, Trachycephalus et enfin le plus grand de tous Rhacodactylus Leachianus (40 cm queue comprise). Autre changement, Rhacodactylus chahoua devient Mniarogekko chahoua. Finalement si l’on se souvient bien, c’est en 1866 que le zoologiste français Alphone Guichenot lui avait donné ce nom complet pour la première fois, alors rendons à César ce qui appartient à César !

Le Correlophus ciliatus est un gecko arboricole, nocturne, mais aussi actif à l’aube et au crépuscule. On le trouve en Nouvelle Calédonie, dans les régions boisées et humides, à proximité de la mer et jusqu’à 1 km à l’intérieur des terres. À cet endroit les températures varient entre 16 et 23°C. La Nouvelle Calédonie est un territoire français, de ce fait il est interdit de prélever cet animal dans son milieu naturel dans le but de le maintenir en captivité. Les geckos que l’on trouve à la vente sont uniquement des spécimens d’élevage et de morphes très colorés. La Nouvelle Calédonie se trouve dans l’Océan Pacifique à 1200 km de l’Australie et 1500 km de la Nouvelle Zélande (il faut savoir que toutes les espèces de Correlophus ont été découvertes en 1774 par le capitaine James Cook). Considéré comme disparu depuis 1866 c’est lors d’une expédition qu’il fut redécouvert en 1994. L’île compte 67 espèces de lézards dont 59 sont essentiellement endémiques. Sa couleur brune lui permet de se confondre parfaitement dans son milieu naturel.

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2. SON COMPORTEMENT

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C’est un lézard qui pratique l’autotomie, c’est-à-dire qu’il peut laisser tomber volontairement sa queue  en cas de stress, en cas d’agression, de mauvaise manipulation, de combats ou de poursuites lors d’un accouplement où il n’est pas rare que la femelle «lâche» sa queue pour échapper au mâle. Lorsqu’elle tombe, la queue va se mettre à bouger pendant encore quelques minutes faisant croire aux éventuels prédateurs qu’ils ont fait mouche. 

90% des mâles se trouvant dans le milieu naturel n’ont plus de queue. Celle-ci ne se régénérant pas elle laisse place à un petit moignon, la cicatrisation se faisant ensuite très rapidement et sans conséquences graves. Le correlophus ciliatus utilise sa queue comme une autre main. Préhensile, elle est utilisée pour se sécuriser grâce une sorte de pelote munie de ‘velcro’ leur permettant toutes sortes de figures dans les déplacements aériens au travers de la canopée.

Correlophus ciliatus ne possède pas de paupières cependant il a une grande langue qu’il peut passer entièrement sur ses yeux pour les nettoyer. Sur la partie supérieure de ses yeux, une longue rangée de cils lui donne cette air si sympathique. Ce lézard nocturne a une vue particulièrement perçante quand vient la nuit ce qui en fait un redoutable chasseur. Autre particularité, il est muni de lamelles adhésives situées sous ses pattes, lui permettant d’escalader les moindres surfaces y compris le verre. La position telle que la tête en bas «collé» sur un plafond de maison ne lui fait pas peur. Cette formidable adhésion défiant toutes les lois de l’apesanteur est dûe à une particularité chez certains lézards : ils possèdent sous leurs pattes une multitude de petits poils appelés setae ; chacun d’eux se décompose en milliards de sous poils appelé spatulae. Les scientifiques ont trouvé que ces poils permettaient l’action de forces intermoléculaires avec les surfaces les plus lisses comme le verre. Lorsque ces millions de poils font contact avec une surface, ils créent une liaison qui est 10 000 fois plus forte que ce qui serait nécessaire pour que le lézard ne tombe pas. Les forces qui permettent à un Correlophus ciliatus de tenir au plafond, sont paradoxalement les plus petites forces qui existent ont les appelle : les forces de Van der Waals.

Ces forces sont des interactions électrostatiques entre les molécules des poils et celles du support. Entre chaque coussinet, sont disposées des multitudes de rangées de poils constitués de kératine formant des spatules. Il suffit au Correlophus ciliatus de changer l’inclinaison de ces spatules pour ne plus adhérer au plafond et ainsi « décoller » ses pattes. En plus de leurs pattes adhésives ces lézards ont une option de taille par rapport aux autres puisque la nature leur a donné la capacité d’avoir des griffes rétractiles tout comme les chats pour pouvoir grimper aux arbres et autres surfaces tout aussi rugueuses. Sa peau réagit aux variations de luminosité, selon la surface où il se trouve. Ce qui en fait un très beau reptile. Régulièrement et en signe de bonne croissance, il changera de peau, c’est la mue.

3. SON HABITATION

Comment procéder si vous venez d’acquérir un ou plusieurs jeunes correlophus ?

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Avant l’arrivée des nouveaux pensionnaires, préparer le terrarium. Si les lézards ont moins de 4 mois, une fauna box ou un bac plastique spécial terrariophilie fera l’affaire, les dimensions doivent rester petites : 30 cm x 30 cm x 30 cm par exemple. Ceci dans le but qu’il puisse chasser sans effort au début.  En guise de substrat, placez momentanément de l’essuie tout, cela permet de contrôler si l’animal chasse bien, s’il mange bien la quantité d’insectes que vous lui avez distribuée la veille au soir, s’il fait bien ses besoins etc…Ensuite quand il sera bien adapté vous passerez au substrat pour les milieux tropicaux humides comme le Eco earth, cette sorte de «terre» en fibre de coco vous évitera les moisissures et le développement de champignons grâce à son acidité naturelle. La déco doit être succincte : une plante verte pour que l’animal se sente en sécurité  (exemple un petit pot de spathiphyllum), généralement il ira dormir dedans. Comme toutes les plantes achetée en jardinerie le feuillage devra être bien rincé avant d’être mis dans l’habitat car le Correlophus est susceptible de boire les gouttes qui se déposeront dessus lors de la vaporisation. Bien sur, si vous optez pour des sub adultes ou adultes passez tout de suite au terrarium beaucoup plus grand : 45x45x60cm étant la base pour de grands spécimens, voire plus grand ! Utilisez du substrat Eco earth et si vous aimez les « vraies » plantes, faites vous plaisir ! La seule recommandation étant d’évitez les feuillages fins qui risqueraient d’être cassés. Bromiliacées, Microsorium musifolium la fougère crocodile, Orchidées à gros feuillage, Bambou naturel etc … Prévoyez des supports aussi bien verticaux, qu’horizontaux.

La température sera de 19 à 22°C la nuit et de 20 à 25 °C le jour. Elle sera obtenue à l’aide d’un tapis chauffant posé sur l’une des parois verticales. Le Correlophus ciliatus étant un animal tropical, il faudra pulvériser de l’eau osmosée sous forme de brumisation avec un petit pulvérisateur à main à buse réglable ou directement avec un brumisateur automatique. Vaporiser le matin et surtout le soir afin d’atteindre une hygrométrie de 80 % pendant la nuit. L’eau osmosée permet de ne pas avoir de traces de calcaire sur les vitres et les plantes. Dernière recommandation si vous mettez un bassin d’eau ou une petite cascade veillez à ce que le lézard ait «pied» car s’il y tombe, il faut qu’il puisse en ressortir aisément. Et oui il faut le savoir le correlophus ne sait pas nager.

Pour l’éclairage, les UV ne sont pas forcément nécessaires car c’est un lézard nocturne mais si vous faites un terrarium tropical avec de véritable plantes, un éclairage sera un plus pour la flore qui s’y trouve. 12 heures de luminosité par jour sont recommandés.

4. SON ALIMENTATION

Notre lézard à crête est un animal qui aime les bonnes choses, toutes sortes de fruits sous forme de purée ou de compote : banane, pomme, fraise, kiwi, pêche, mangue etc … Mais aussi les insectes tels que les grillons, les vers de farine, les vers à soie, les teignes de ruche. Ces insectes ne devront pas dépasser la taille de sa bouche car sinon, il ne les mangera pas ! Ce sont ces mêmes insectes qui lui apporteront les protéines nécessaires à sa musculature et sa croissance. L’apport de calcium à un rôle primordial à jouer surtout si vous avez une femelle en gestation. Comme beaucoup de lézards, il fait ses réserves de calcium dans deux poches. Contrairement aux Phelsumas dont les poches sont visibles extérieurement, celles du correlophus sont situées à l’intérieur de la bouche sur la partie supérieure. On les appelle  sacs endolymphatiques. Ils contiennent du carbonate de calcium, très précieux pour les femelles, pour la fabrication de la coquille de l’œuf mais aussi pour la croissance. 

Pour avoir un apport constant de calcium, vous pouvez mettre à disposition en permanence une coupelle de calcium. Certains animaux iront naturellement le lécher mais cela ne sera pas systématique. Le moyen le plus sûr étant de saupoudrer les insectes que vous donnerez une à deux fois par semaine, lors des repas et d’avantage pour des juvéniles. Faites de même, une fois par semaine pour le complexe vitaminé Reptivite afin de palier à toute carence. Pour l’hydratation, le correlophus ciliatus ira boire généralement en léchant les feuilles des plantes de votre terrarium après les brumisations ou lors des distributions de compotes de fruits naturels.

5. SA REPRODUCTION

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Les Correlophus ciliatus ont une grande particularité naturelle : il y a 6 mâles pour une femelle autant dire que la bataille pour la reproduction est rude. Sachant qu’avec deux mâles ensemble c’est le combat assuré, voire la mort ou la fuite de l’un des deux protagonistes. 

Reconnaître le sexe de ce lézard est chose aisée lorsqu’ils sont adultes : le mâle possédant une ligne de pores fémoraux en forme de V juste au dessus du cloaque. 

De plus il arbore un bel appendice à la base de la queue affirmant sa masculinité animale. La femelle quant à elle ne possède pas cette particularité mais une toute petite ligne de minuscules pores, donc pas de confusion possible. Pour des jeunes animaux il faudra attendre l’âge de 6 à 8 mois minimum pour établir le sexage sans se tromper. Plus jeune, vers 4 à 5 mois et avec de l’expérience, vous pourrez savoir s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle en vous équipant d’une loupe de bijoutier. La maturité sexuelle arrive vers 9 mois, mais il est fortement recommandé de ne pas mettre femelle et mâle ensemble avant l’âge de 14 à 16 mois. Ne jamais mettre une seule femelle avec un mâle mais plutôt au minimum 2 femelles, sinon celle-ci risque de s’épuiser rapidement par les accouplements incessants du prétendant et des pontes à répétition. L’accouplement dure en moyenne de 3 à 5 minutes. Au fil des jours la femelle va décupler son appétit et prendre du poids environ 5 grammes ce qui est beaucoup. Une vingtaine de jours plus tard c’est la ponte, généralement 2 œufs seront pondus et bien cachés dans le terrarium très souvent enfouis dans le substrat. Pour mettre toutes les chances de votre coté vous pourrez récupérer les œufs et les mettre dans un incubateur ou les laisser «  in situ  » pour une incubation naturelle. Mais attention, lorsque les petits sortiront, il vaut mieux que vous les trouviez avant les parents qui pourraient les dévorer. 

Dans un incubateur à une température de 25 °C, il faut compter une soixantaine de jours avant la sortie des petits.

6. LES MORPHES

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C’est ce qui qualifie l’apparence en termes de couleur et de motif pour le reptile. Le Correlophus ciliatus est de couleur brune dans son milieu naturel. Les américains ont été les premiers à faire des sélections jusqu’à obtenir de très beaux sujets, très colorés. Cependant c’est un lézard qui n’obéit à aucune règle génétique. 

Novembre 2009, deux œufs issus de parents de couleur brune sont sur le point d’éclore. Cependant, combien la surprise fut grande, lorsque le premier né fut de couleur rouge et le second une heure plus tard de couleur jaune poussin ! Comment est-ce possible ? Et bien pour le moment il n’y a toujours pas d’explication. La génétique nous réserve encore bien des mystères sur ce lézard.

De nos jours on dénombre près d’une cinquantaine de morphes. Cela va du rouge, vert, moon (le blanc) au pinstripe, à l’arlequin en passant par le dalmatien (avec des points sur tout le corps), au nuances de bleu, au néon orange etc.