Plantes pour le jardin

LA POIRE DE TERRE : UN TUBERCULE OUBLIE

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Tubercule méconnu apparenté de par son nom vernaculaire à la pomme de terre, il présente pourtant bien plus d’avantages autant dans sa culture que dans ses qualités gustatives. Vivace, esthétique, productive et facile de culture, nul besoin d’être un grand jardinier pour obtenir de très bons rendements !

1. DESCRIPTION

Originaire d’Amérique du Sud (Bolivie, Argentine ou Colombie), la poire de terre ou Yacon est aussi connue sous le nom scientifique de Smallanthus sonchifolius ou Polymnia sonchifolia. Elle appartient aussi à la famille des Astéracées comme beaucoup de plantes à la floraison en capitules. Elle fut importée en France au 19ème siècle mais le goût de ses tubercules n’a pas rencontré le succès escompté à l’époque.

1.1. Caractéristiques esthétiques

Photo 2 Source Wiki Rob Hille

La poire de terre est une plante vivace herbacée et tubéreuse au cycle de vie rappelant un peu celui du Dahlia. En effet, tout comme cette plante, la poire de terre dispose d’un système racinaire fasciculé et tubérisé avec lequel il est possible chaque année d’en récolter les tubercules rouges bruns et de conserver la souche coriace pour la replanter l‘année suivante.

On pourra facilement distinguer les tubercules racinaires qui émettent le feuillage et sont replantés chaque année des tubercules consommables de forme plus allongée.

Au niveau végétatif, la plante se compose d’un feuillage vert de forme triangulaire, découpé et légèrement velu tout comme les tiges. Ces dernières sont coriaces et à section cannelées un peu comme les Bambous.

La floraison jaune est très ressemblante à celle des Tournesols car ils en sont de proches cousins. Ces inflorescences s’épanouissent en fin d’été et sont érigées au-dessus du feuillage. En France, le climat n’étant pas aussi chaud que dans son pays d’origine, la floraison est relativement rare d’autant que les tubercules doivent se récolter avant les premières gelées soit en Octobre/Novembre.

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Le tout forme une touffe très imposante d’un bel aspect ornemental. Pour une plante adulte, ses dimensions pourront être de plus de 2 m de hauteur pour 1.5 m d’envergure !

En ce qui concerne la rusticité de la plante, c’est bien entendu son plus gros inconvénient du fait qu’elle ne supporte pas les gelées inférieures à -5°. Cependant, le problème ne se pose absolument pas dans le cas d’une culture de la plante à des fins productives.

1.2. Caractéristiques nutritionnelles

Il existe plusieurs façons de consommer la poire de terre qui s’adapte très bien en cuisine : cuite à la vapeur, en purée, en soupe, crue ou en jus. Le goût de ses tubercules est légèrement sucré rappelant un peu celui du topinambour et sa texture est quant à elle très ressemblante à celle de la poire car légèrement granuleuse et juteuse.

En terme nutritionnel, ce tubercule est très intéressant dans le cadre d’un régime pauvre en sucre car il contient un sucre appelé fructo-oligosacharides très ressemblant au fructose mais non assimilable par l’organisme. Faible en calories, il est aussi très riche en fibre, c’est pour cela qu’il sera conseillé aux diabétiques !

2. L’ACHAT

Actuellement, il est encore impossible de se procurer des poires de terre en magasin car les tubercules ne restent encore que peu démocratisés et donc peu commercialisés. Seuls quelques producteurs de légumes anciens seront en mesure d’en mettre sur le marché en proposant des pieds issus de la division des tubercules racinaires.

3. LA CULTURE DE LA PLANTE

3.1. La plantation

Où ?

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Avant toute chose, l’emplacement de plantation sera conditionné par un espace suffisamment important pour pouvoir contenir l’ensemble de la plante surtout si le tubercule racinaire est adulte. Ensuite, la poire de terre pourra tout autant être plantée dans le jardin d’ornement que dans le potager. Gardez cependant toujours en tête que la souche ne pourra persister en terre durant l’hiver, elle devra donc (peu importe l’endroit de plantation) être déterré avant les premières gelées dignes de ce nom.

Dans quelle exposition ?

Sa région d’origine chaude implique un besoin en soleil lorsqu’elle sera plantée sous nos contrées. Offrez leur l’exposition la plus chaude et ensoleillée possible, même si elle produira tout même des tubercules si vous la plantez à mi-ombre.

Dans quel sol ?

Le sol a, lui aussi, une importance capitale, autant pour la vie de la plante que lors de la récolte des tubercules. Faite en sorte qu’il soit le plus riche et meuble possible. Evitez les sols trop compacts où la récolte pourra devenir un vrai calvaire ainsi que les sols trop asphyxiants qui seront un frein au développement de la plante.

Quand ?

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La plantation de la Poire de terre s’effectue en deux parties :

– Plantez-les tout d’abord vers le mois de mars en gros pots remplis de terre et de terreau pour que les tubercules racinaires commencent leur développement et émettent les premières feuilles. Stockez ces potées sous serre.

– Vers la fin mai après les Saints de glace, les potées seront misent en terre de manière à ce qu’elles puissent prospérer librement une fois que tous les risques de gelées seront écartées.

N’ayez crainte, car même si la plantation peut paraître tardive, les poires de terre n’ont, jusqu’en août, qu’un développement végétatif. C’est à partir du mois de septembre et jusqu’à la récolte, que les tubercules comestibles se formeront.

Comment ?

La première plantation est un jeu d’enfant puisqu’il vous suffira de mettre les tubercules racinaires dans des pots d’une taille suffisante, remplis de terre et de terreau à raison de 50% chacun.

C’est lors de la mise en pleine terre que le travail du sol devra être un peu plus poussé. L’idéal sera de vous y prendre dès la récolte des tubercules à l’automne de la manière suivante :

– déterminez déjà à cette période l’emplacement des tubercules racinaires pour l’année suivante, ne plantez jamais les tubercules chaque année au même endroit !

– Bêchez en profondeur et enrichissez aussi le sol à ce moment, de manière à ce que la fumure se décomposer lentement jusqu’au printemps suivant. Choisissez, en l’occurrence, du compost ou bien du fumier composté mélangé à du terreau.

– laissez ensuite le sol se reposer jusqu’au printemps suivant,

– une fois la date de plantation arrivée, procédez à un nouveau bêchage plus succint qui décompactera et aérera le sol,

– mettez les potées en pleine terre, en veillant à placer le tubercule racinaire au ras du sol, pour ne pas que les tubercules consommables se forment trop en profondeur. Distancez aussi chaque pied d’au moins deux mètres pour un développement optimal de chaque touffe,

– épandez un paillis organique qui gardera la chaleur et la fraîcheur au niveau des racines de la plante,

– arrosez pour terminer mais jamais avec excès.

3.2. L’entretien

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Même s’il s’agit avant tout d’une plante légume, la poire de terre ne nécessite que très peu de soin pour assurer une bonne production. Vous profiterez ainsi de son côté ornemental somptueux durant tout l’été sans forcément être obligé de passer des heures à l’entretenir.

L’arrosage

Comme nous l’avons vu, l’arrosage des poires de terre ne doit jamais être excessif. Bien souvent, l’eau qu’apporte dame nature est amplement suffisante, mais en cas de sécheresse estivale, vous pourrez être obligé d’intervenir pour donner un petit coup de pousse à la plante. Vous le remarquerez car lorsqu’elle commence à avoir soif, les feuilles se ramollissent et les tiges commencent à se recourber vers le bas. C’est le moment d’apporter un arrosoir de 10 litres d’eau de pluie dans la soirée afin de la réhydrater.

ATTENTION : en aucun cas, vous ne devrez arroser spontanément cette plante, laissez la montrer des signes de déshydratation avant de lui procurer cet apport.

La fertilisation

Même si la poire de terre demande un sol très riche, la simple fertilisation à la plantation sera suffisante, n’apportez donc aucune autre matière durant son cycle de vie.

La taille

Aucune taille n’est à prévoir durant la croissance de la Poire de terre, laissez-la prospérer librement et peut-être qu’avec un peu de chance vous verrez apparaître ses si belles fleurs !

Les maladies et ravageurs

Avec des feuilles robustes, poilues et une souche coriace, la poire de terre est exempte de maladie en France. Seuls les problèmes liés à l’hydratation et au gel lui seront véritablement néfastes.

La récolte des tubercules consommables

La récolte s’effectue en fin d’automne avant l’arrivée des premières fortes gelées. La date sera donc variable en fonction des régions et d’une année sur l’autre mais oscillera entre fin octobre et début décembre.

Pour procéder :

– commencez par retirer l’ensemble du paillis étalé au printemps au pied de la plante de manière à accéder plus facilement aux tubercules par la suite,

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– coupez l’ensemble des tiges à 20 ou 30 cm du sol pour dégager la touffe importante de feuillage,

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– une fois ce travail grossier de nettoyage effectué, munissez-vous d’une fourche à bêcher puis tournez tout autour de la souche dans un rayon de 40 cm par un mouvement d’avant en arrière. Celui-ci permettra de décoller légèrement les tubercules et la souche sans rien endommager,

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– plantez à nouveau la fourche tout en tirant sur les tiges conservées pour en extraire la souche racinaire et les tubercules, 

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– émiettez ensuite de la terre encore présente puis récoltez les tubercules consommables en les dégageant bien à leur base pour ne pas les casser en deux. Pour vous y aider, si la terre était collante lors de la récolte vous pourrez laver la souche à l’eau de pluie pour rendre les tubercules plus facile à récolter.

ATTENTION : Soyez toujours minutieux dans vos gestes car les tubercules sont très cassants!

La conservation

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Une fois la récolte terminée, les tubercules consommables auront tous été séparés des tubercules racinaires qui seront conservés, stockés et réutilisés l’année suivante.

Ces derniers devront être stockés au frais et à l’abri de la lumière dans des bacs remplis de sable ou de tourbe. En fin d’hiver, lorsque quelques jeunes pousses commenceront à apparaître, vous pourrez remettre ces tubercules racinaires en pot et jusqu’à la mise en terre.

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En ce qui concerne les tubercules consommables, ils pourront être conservés tels quels, tout comme les pommes de terre dans des clayettes en bois, entre 5 et 10° et dans l’oscurité. Cependant, la durée de conservation des poires de terre est tout de même plus faible, il sera donc préférable de les mettre elles-aussi dans des bacs remplis de sable pour éviter une trop grande déshydration des tubercules. Quoi qu’il en soit, vous ne pourrez les conserver que jusqu’au mois de mars dans ces conditions ! 

La multiplication

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La multiplication des poires de terre peut se faire de deux façons :

– par division de tubercules racinaires :

cette méthode se pratique au printemps, soit avant la plantation en pot, soit avant celle en pleine terre, lorsque quelques feuilles se seront développées. Pour cela, la technique sera relativement simple, vous n’aurez qu’à séparer à la main ou à l’aide d’un outil des morceaux de tubercule pourvus de racines et de feuilles si elles sont apparentes. Vous obtiendrez ainsi plusieurs nouveaux pieds mère à même de produire, dès la première année de culture.

lLe bouturage de tiges :

– Peu courant pour diviser des plantes légumes, le bouturage de tiges à l’étouffé est toutefois réalisable sur les poires de terre. Pour cela :

– Sectionnez sous des feuilles en fin d’été une section de tige d’environ 10 cm (traits rouges). Cette section sera débarrassée de ses feuilles excepté les deux de l’extrémité supérieure que vous couperez en deux afin de limiter l’évapotranspiration de la bouture (traits bleus),

– Trempez l’extrémité inférieure dans de l’hormone de bouturage de manière à faciliter l’émission de racines par la plante,

– Plantez-la ensuite dans un pot rempli de terreau qui ne sera arrosé qu’une seule fois,

– Placez un plastique transparent au-dessus de la bouture pour créer l’atmosphère étouffée qui hydratera la bouture sans l’arroser continuellement.

Ces boutures seront ensuite installées près d’une fenêtre dans la maison jusqu’en mars puis en serre jusqu’au mois de mai après avoir retiré le plastique de l’étouffé. Ce sera aussi à ce moment que vous devrez replanter les boutures en pleine terre pour leur première année de production.

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